Cette affaire aura provoqué un certain malaise au moment où le monde politique suisse réfléchit à une éventuelle libéralisation du cannabis. Jouant sans cesse avec les limites et les flous de la loi, le chanvrier valaisan, combattant de la première heure en matière d’objection de conscience, brasseur en son temps des causes pacifiste et antinucléaire, dérange aussi bien ses concurrents chanvriers que les institutions politiques et judiciaires. Dans un canton montagnard où la fumette fait pourtant bon ménage avec la fondue, on a usé de méthodes antigangs pour mettre à l’ombre cet anarchiste trop impatient de ranger le cannabis au même rayon que le tabac et l’alcool. Si les juges ne pouvaient prendre le risque de l’élever au rang de martyr, en le laissant mourir de faim, ils ont redonné à l’affaire sa juste proportion. Dans le contexte actuel, Bernard Rappaz a dérogé à la loi. Il devra en payer le juste prix.

..........page complète de 24 Heures

 

DEPUIS UNE HEURE Bernard est LIBRE... ...confié désormais aux médecins et à ses proches.... Notre solidarité A GAGNé! Merci à tous... ! Merci à la presse suisse dans son ensemble pour son travail de janvier

... article du jour "Et si bernard éait Genevois comment serait-il jugé "

(Et bravo au valais...pour ce petit coup de théâtre...)

 

 

REVUE de Presse

Le 23 janvier 2002 Le Matin: Bernard Rappaz sauvé demain?

SwissInfo 12 heures:D’un côté, le Zorro du chanvre, prêt à tout pour défendre sa cause. A 49 ans, Bernard Rappaz a consacré une grande partie de sa vie à ce combat. Pour dénoncer ce que lui et ses amis appellent le marché gris du chanvre ou encore l’hypocrisie helvétique.

De l’autre, le juge, qui a déjà refusé trois fois de libérer le Valaisan, pour risque de collusion. Le juge qui est confronté à une décision difficile. Soit il prolonge la détention d’un homme dont la santé est en jeu soit il le libère et cède, en quelque sorte, à la pression.
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lire article complet avec liens sonores vers longue interview de l'avocat

Le 21 janvie 2002 Sa vie dans la balance

Le 20 janvier : "Même un juge peut se tromper..." dit Me Poncet au Téléjournal.

70 jours de Grève de la Faim !

La presse donne à cet événement sa gravité et sa portée.

Webdo > dimanche.ch

:« Mais il ne s’agit pas de chanvre, c’est une histoire d’injustice ! »

Le jugement, selon son avocat Me Aba Neeman, aura lieu ce jeudi dès 10 h 30 au Tribunal cantonal de Sion. Cette histoire a aussi ses «Bernardo». Le rôle du «sourd-muet» est ici tenu par la justice. Ni Philippe Medico, le juge d’instruction en charge du dossier, ni Dominique Bertrand, le médecin responsable de l’unité carcérale, ne pipent mot. Pour connaître l’état de santé de Bernard Rappaz, il faut s’adresser à ses fidèles .....lire l'article complet

et: Le rôle de l’Etat est de rendre justice, pas de se venger.

’il ne mérite pas d’être traité comme un dangereux délinquant. Rien ne justifie que sa mise au secret – plus de deux mois déjà – se prolonge. Au nom de la proportionnalité de la peine, Bernard Rappaz devrait être libéré en attendant son jugement. Ne serait-ce que pour le protéger contre lui-même. Le rôle de l’Etat est de rendre justice, pas de se venger. ..lire l'article complet

 

.....lire l'article complet

"Il a perdu plus de vingt kilos, et est très affaibli, mais il conserve un moral d’acier", a précisé la jeune femme, hier, à la sortie de sa quatrième visite au prévenu. "Le médecin m’a avertie que son état de santé peut devenir inquiétant. Il a à sa disposition du glucose en cas de perte de connaissance."

Le chanvrier ne consommerait que de l’eau minérale sans additifs, toujours selon sa compagne. Il se déplacerait avec une canne et aurait signé une décharge, refusant toute perfusion. Si la justice valaisanne, ne souhaite apporter aucun commentaire, à l’extérieur, les disciples du cannabis se mobilisent.

 

après 64 jours de Grève de la faim

de Bernard Rappaz

www.dimanche.ch

24 heures explique tout le mouvement de soutien à la cause de la liberté de bernard et du cannabis

Le Courrier analyse les DESSOUS socio-politiques de l'affaire Valchanvre....

Devant l'Histoire,

il aura fallu plus de 50 jours de grève de la faim en prison....avec la solidarité de tout le mouvement chanvrier suisse... en manifestation de soutien ... tous les week - ends...pour que la presse cesse de véhiculer simplement les communiqués de justice.......sans remise en question....Maintenant que le transfert de la prison de Sion ( province, "instinctivement" opposée au cannabis car c'est une province viticole et vinicole...
Maintenant que Bernard est à Genève... Nous sommes rassurés... il est en surveillance médicale permanente..,

 

 

Bernard est transféré à Genève

pendant le week-end du Réveillon...

le Nouvelliste...retransmet le communiqué de police - ATS

www.dimanche.ch s'indurge.... mais aussi publie une chouette bio interview de Bernard

24 heures expèlique tout le mouvement de soutien à la cause de la liberté de bernard et du cannabis

 

Le Courrier analyse ici les DESSOUS socio-politiques de l'affaire Valchanvre....

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Les DESSOUS socio-politiques de l'affaire Valchanvre...

Paru le : 9 janvier 2002


L’autorité judiciaire valaisanne joue un étrange père fouettard

• Bernard Rappaz fait la grève. L’autorité a fait du zèle. Des agriculteurs s’étonnent de ce soudain réveil judiciaire contre le chanvrier, tandis que d’autres craignent que l’affaire ne fasse le lit des anticannabis.

CHARLES PRALONG

Le pouvoir judiciaire valaisan ne joue-t-il pas un étrange rôle en menant l’une de ses plus vastes opérations de répression policière contre le cannabis? Pendant que le climat est à l’ouverture sous la Coupole et qu’un Conseil des Etats réputé conservateur accepte à une large majorité la dépénalisation du cannabis, le Valais endosse le costume d’un père fouettard de mauvaise humeur.
L’attitude n’a pas seulement stupéfait les amis de Bernard Rappaz. Des producteurs sous contrat avec Valchanvre dénoncent une manière de faire qu’ils jugent déconcertante: «Tout le monde en Valais connaissait les activités de Bernard Rappaz. Pendant des années, l’Etat a perçu des impôts; il n’a rien dit, alors qu’il avait des instruments de contrôle.» Pour le président de Biovalais, Gérard Constantin, le canton a volontairement fermé les yeux, pour les ouvrir «au moment le plus médiatique».
Les agriculteurs, pas seulement bio, sont interloqués. On leur a présenté le chanvre comme une culture alternative intéressante alors qu’ils vivent une période difficile. Pas intéressante pour le pétard, mais pour des usages dérivés, comme les huiles essentielles, l’usage alimentaire ou textile. Certains vignerons, loin de tout milieu interlope, s’y sont mis. Et voici qu’à leurs yeux, le chanvre fleurit d’un diable. «On dramatise, on fait des amalgames», regrette Gérard Constantin. «50 tonnes de chanvre, ça paraît énorme, mais ça ne correspond qu’à 100 à 150 litres d’huile essentielle sans substance active!»

 

 

 

LE CAS RAPPAZ
Le président de la Chambre valaisanne d’agriculture, Claude Bertholet, juge «anachronique» la démarche de l’autorité. Mais il lui trouve des excuses: «Le dossier Rappaz a connu de multiples péripéties, les juges ont appris à être prudents avant d’agir. Comme beaucoup de Valaisans, Claude Bertholet affirme son respect de la loi, et sa confiance dans l’autorité qui la représente. Et puis il n’a que peu de sympathie pour Bernard Rappaz...
On touche ici un point sensible. Le chanvrier est perçu comme un personnage ambigu, sympa mais malin, plein d’initiative mais jamais oublieux de ses intérêts et finaud pour utiliser les médias. Or on ne parle pas d’affaire Valchanvre, on parle surtout de lui. Le député du Parti chrétien-social Dominique Savioz estime que cette focalisation fausse le débat. Et le débat est déjà assez complexe comme ça: «Tout est paradoxal. La Confédération donne un message de tolérance, pendant que le Valais réprime. Il y a une zone grise, et ceux qui s’y trouvent doivent être très droits et honnêtes.»
Quant aux producteurs bio qui s’interrogent sur l’attitude de l’Etat, ce n’est pas tant Rappaz qu’ils défendent, dénonçant plutôt l’impasse dans laquelle on les met. Nombre d’entre eux ont livré du chanvre à la société; ils ne veulent pas abandonner leurs créances: «Le juge n’a même pas pris contact avec nous. Nous sommes ulcérés», commente Gérard Constantin.

 

 

 

UN AUTOGOAL CALCULÉ?
Pour le conseiller national socialiste Stéphane Rossini, l’affaire pourrait biaiser le débat politique: «C’est un autogoal, qui rend un très mauvais service à la libéralisation du cannabis.» Selon lui, les lobbies opposés à cette évolution ont trouvé une facile pitance pour nourrir leurs arguments, du genre: quoi donc? On trouve des tonnes de chanvre suspect, alors même qu’on dépénalise? Imaginez le trafic sur le dos de la jeunesse quand le marché sera libéralisé... Voilà qui pourrait peser, pas tant sur le Conseil National que sur la campagne «qui animera le référendum qui va suivre». De là à dire que l’autorité valaisanne, très froide vis à vis de la dépénalisation, a choisi d’agir pour influencer l’opinion, il n’y a qu’un pas. Stéphane Rossini ne le franchit pas, mais dit: «Je ne suis pas étonné que l’autorité soit intervenue maintenant. C’est un moment charnière.»
Les paysans, eux, sont perplexes. Que se passera-t-il? On assiste déjà au Tessin à une spéculation sur les terrains. Des investisseurs attirés par le marché juteux du chanvre récréatif anticipent l’évolution légale. «Cela m’inquiète. Cette culture devra se limiter à une activité industrielle strictement contrôlée», commente Gérard Constantin.


Des policiers avaient séquestré, en novembre, 50 tonnes de chanvre dans les locaux de la société Valchanvre. La découverte d’un laboratoire clandestin de transformation et de plaques de haschich avaient confirmé leurs soupçons. L’opération a provoqué la détention préventive du patron de la société, Bernard Rappaz, pour infraction à la loi sur les stupéfiants.

Celui-ci proteste depuis cinquante-cinq jours par une grève de la faim.

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LIRE AUSSI: INTERVIEW de ..2001DE FIN

Rappaz: le Farinet du chanvre

entre info et intox

Le patron de Valchanvre a dû être hospitalisé à Genève, jeudi soir.

Mais qui prend au sérieux sa grève de la faim?

 

Vendredi, dans Libération, Bernard Rappaz a atteint la notoriété médiatique hexagonale. Le quotidien français explique que le Valaisan a entamé sa grève de la faim «pour dénoncer l’hypocrisie helvétique». Et d’en déduire que la «situation semble embarrasser les autorités fédérales, qui, par leur nouvelle législation, entendent justement clarifier le statut du cannabis».

A ras les barreaux de la prison de Sion, cette grève de la faim, entamée le 14 novembre, n’est qu’un fait divers.

Interdite de visite

Agacé, le directeur de la prison des Iles, Jean-Michel Gillioz, finit par casser le morceau: «Il s’alimente légèrement, mais il s’alimente. D’autres prisonniers lui donnent à manger et il reçoit des aides extérieures: la prison n’est pas hermétique. De toute façon, Rappaz n’ira pas jusqu’au bout.» C’était une paire d’heures avant que le fonctionnaire reçoive l’ordre du juge d’instruction de service de transférer le Farinet du chanvre à l’hôpital de Genève. Le médecin de la prison venait de diagnostiquer une baisse du taux de sucre dans le sang.

Ce transfert devrait réjouir la compagne de Bernard Rappaz, et mère de son petit garçon, Sabine. Si elle se dit rassurée, elle a été surprise, hier matin, quand, après avoir faxé l’autorisation – délivrée par le juge d’instruction – de voir le prisonnier, le planton genevois lui a parlé d’un autre fax envoyé par le directeur de la prison sédunoise précisant que Rappaz n’a droit ni aux visites ni aux coups de fil.

Mais dans quel état est le Valaisan? «Il m’a écrit que sa vue baisse, qu’il a des douleurs dans le dos, des bourdonnements dans les oreilles et qu’il a perdu connaissance un moment cette semaine», explique son avocat Me Abe Neeman. Raoul Rappaz, le père, est soulagé que son fils soit désormais en milieu hospitalier: «Avec la tête dure qu’il a, il est tout à fait capable de ne rien manger. Mais il boit des tisanes.» «Il est dans un état de faiblesse totale, même s’il est en excellente santé», assure son ami Boris Ryser, qui multiplie les déclarations pour remettre en lumière l’enjeu de cette grève de la faim, la situation des acteurs du «monde gris du chanvre». «Nous réclamons un moratoire général pour les producteurs de chanvre», martèle-t-il. Une lettre a été adressée au président de la Confédération, Kaspar Villiger. Elle s’ajoute aux missives que Sabine a envoyées aux conseillères fédérales Ruth Dreifuss et Ruth Metzler, sur le droit de visite à son concubin. Et à une réaction en chaîne d’un consultant français ès droits de l’homme qui a bombardé Berne de lettres.

Sous perfusion?

Protégé par le secret médical, Bernard Rappaz pourrait être requinqué en milieu hospitalier, où une alimentation forcée n’est pas exclue. Une grève de la faim «renvoie le praticien à son appréciation «en conscience» de chaque situation», écrit un médecin français spécialiste du milieu pénitentiaire. En 1993, il avait dénombré 964 cas de grèves de la faim dans les prisons françaises. Huitante et un pour cent des grévistes avaient arrêté avant le 20e jour et six ont poursuivi au-delà du 100e jour. Le Valaisan en est au 55e.

Pierre Thomas photo: Keystone

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le dim 6 janvier 2002

 

Accueil 24 heures.ch

Bernard Rappaz hospitalisé

GRÈVE DE LA FAIM / (5/01/2002)


CHANVRE 

Il faisait la grève de la faim depuis cinquante-trois jours, ne buvant que de l’eau additionnée parfois de sels minéraux. Le chanvrier valaisan Bernard Rappaz, emprisonné depuis le 14 novembre à Sion, a été transféré jeudi en fin de journée à l’Hôpital carcéral de Genève. Cette mesure, autorisée par le juge d’instruction, a été motivée par l’état de santé du prisonnier, qui aurait perdu quelque 20 kilos selon son avocat Aba Neeman, nettement moins selon le directeur du pénitencier.
Le patron de Valchanvre et son associé Claude Rey avaient été arrêtés à la mi-novembre après une saisie de plus de 50 tonnes de chanvre séché dans les locaux et la ferme de la société. Parmi les marchandises séquestrées, certains produits atteignaient une teneur en THC (substance active du chanvre) de 40%, alors que la valeur légale est limitée à 0,3%. Inculpés de violation grave de la loi fédérale sur les stupéfiants, les deux hommes étaient en détention préventive.
Le producteur valaisan avait déjà cessé de s’alimenter en 1996 pour protester contre des procédures judiciaires. En 1999, il avait été condamné à seize mois de prison ferme par un tribunal de Martigny. Le coup de filet automnal de la police valaisanne étant intervenu au moment même où la commission du Conseil des Etats donnait son aval à une dépénalisation du cannabis, les disciples de Bernard Rappaz ont dénoncé l’acharnement incompréhensible des magistrats alors que les politiques venaient de lâcher du lest. «Ce hiatus a mobilisé une nouvelle coordination internationale du chanvre, qui plaidera notre cause sur le plan européen», explique l’activiste Boris Ryser.

Moratoire présidentiel?


La société Valchanvre a alors lancé une pétition, organisé ces dernières semaines des sit-ins qui n’ont reçu que peu de soutien de la population valaisanne. Le 3 janvier, ils ont réclamé au président de la Confédération un moratoire juridique pour tous les délits chanvriers jusqu’à l’établissement de la nouvelle réglementation. Mais les débats du Parlement, qui n’en sont qu’aux prémisses, n’accoucheront d’une loi que dans quelques années.

M. S......................................................................................

 

OCTOBRE 2001

Venez discuter avec Bernard Rappaz dans notre chat. Il sera en ligne mardi 10 octobre 2001, de 18:00 à 19:00. digitalcafe.ch

Le chanvre suisse, c'est un peu lui. L'agriculteur valaisan en produit depuis trente ans, la justice court après lui depuis dix ans. Avec la dépénalisation, il voit l'avenir en rose. ........................... Claude Ansermoz

Bernard Rappaz, pionnier de la culture du chanvre en Suisse.

 

Le *José Bové* du cannabis a le sourire...

Quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Comme celles qui s'amusent à glisser sur les stocks de chanvre de Bernard Rappaz, dans la zone industrielle de Martigny. On est ici dans le hangar de la discorde, celui d'une petite PME nommée Valchanvre qui défraie la chronique judiciaire valaisanne. Seize mois de prison ferme pendant encore comme une épée de Damoclès sur le maître des lieux, pour une vente illégale de "coussins thérapeutiques".

Po urtant, la moustache en bataille, le José Bové du cannabis a le sourire. Le Conseil fédéral veut dépénaliser sa plante chérie. Il vous brandit un journal jamaïcain qui fait sa une avec l'événement. Les journalistes de TF1 sont repartis avec un reportage pour le journal de treize heures. Pour commencer l'interview, il éclate de rire et allume... une cigarette: "Le joint?

Jamais le matin!"

> Avez-vous l'impression d'avoir participé à la décision du Conseil fédéral de dépénaliser le cannabis?
>> Certainement. Mais plus encore que moi, ce sont les 850 000 consommateurs illégaux de chanvre récréatif en Suisse qui obligent nos autorités à s'adapter à la situation. Ce sont eux qui en ont marre de la répression. Avec la Coordination du chanvre, dont je suis le vice-président, on était en train de mettre la pression en souhaitant lancer une initiative à la fin de l'année. Avec cette décision, le Conseil fédéral est en sursis. On ne se méfie jamais assez des politiciens: ce sont des girouettes qui vont toujours dans le sens du vent dominant. Les retards qu'ils prennent sont parfois impressionnants.

> Depuis une semaine, vous recevez quantité de journalistes étrangers. Quelles sont leurs réactions?
>> Elles sont positives. L'influence de la Suisse dépasse largement son importance réelle. Dès que j'ai commencé à cultiver professionnellement du chanvre en 1993, je savais déjà que les Américains ne viendraient pas déverser du napalm sur mes champs. Ailleurs, j'aurais été en danger de mort. On est considéré comme un état civilisé; notre programme de distribution d'héroïne a frappé le monde entier. D'autres pays veulent suivre la voie qu'on a tracée. Avec la décision du Conseil fédéral, les Américains prennent peur, peur que l'Europe entière nous suive et qu'ils doivent en faire de même, dans un avenir proche.

> Vous considérez-vous comme un trafiquant?
>> Je me sentirais plus encore comme un trafiquant si j'avais poursuivi mon métier de base: vigneron. Mais j'ai découvert l'alcoolisme après avoir fait mes études d'oenologie en France et en Suisse. Je me suis alors rendu compte que ma vie allait être dédiée à fabriquer le produit qui devait tuer à petit feu le père de ma copine. Je ne voulais pas du rôle de trafiquant de drogue légale. J'ai quitté Saxon et ma famille. Mon père était fou de rage, j'étais son fils unique. Il a vendu les sept hectares de vigne familiale. Je ne suis pas un dealer. Je connais les effets à la fois du chanvre et de l'alcool. Et je sais lequel des deux produits est dangereux.

> Avez-vous essayé les drogues dures?
>> Je me suis laissé tenter une fois, en prison. J'avais un camarade de cellule cocaïnomane et j'ai essayé. Cela ne m'a pas branché. J'ai vu assez de gens accros pour ne pas avoir envie de devenir un consommateur régulier.

> Votre premier contact avec le chanvre?
>> A 17 ans, je suis parti en auto-stop à Amsterdam. J'ai dû attendre le troisième joint pour que cela me fasse de l'effet. J'étais bien trop nerveux lors des deux premiers. Ensuite, j'ai pris une volée d'enfer. J'ai ramené mes premiers 500 grammes provenant de toute la planète. Ce sont ces variétés qui m'ont permis de faire mes sélections, d'arriver avec des semences qui reçoivent aujourd'hui des prix au niveau international. Quand nous avons gagné le premier prix au niveau suisse avec la "Walliser Queen", les médias valaisans en ont fait leur une. Ils n'ont pas été perturbés par le fait que c'était du chanvre, ils ont juste vu qu'un régional de l'étape était sorti premier au plan national.

> Comment en arrive-t-on à défendre une substance illégale?
>> Je ne suis peut-être qu'un petit paysan, mais je sais lire la loi suisse: la culture du chanvre n'est interdite que pour la production de stupéfiants. Cela a été dur de trouver un avocat d'accord de partager mon point de vue. Aujourd'hui, grâce à moi, tout le monde sait que l'on peut cultiver du chanvre en Suisse. Et c'est lui la véritable vedette. Ce qui nous aide, c'est que six journalistes sur dix en consomment et trouvent cette plante magnifique. En découvrant son potentiel, l'agriculteur qui est en moi ne pouvait que flasher. Même en dehors de la fumette, les vertus du chanvre sont extraordinaires, que ce soit aux niveaux alimentaire, cosmétique ou technique. Avec le chanvre, on a réappris aux gens à parler français. Il n'y avait que les vieux Valaisans, ma première clientèle, pour connaître cette plante. Les gens, aujourd'hui, n'ont qu'haschich, marijuana, et cannabis à la bouche. Mais l'aspect récréatif du chanvre n'a jamais été ma priorité. Evidemment, comme amoureux de la liberté d'essence anarchiste, je ne pouvais bien sûr pas baisser les bras devant l'interdiction de la fumette.

> Vous sentez-vous des similitudes avec les cultivateurs de pavot d'Amérique du Sud?
>> J'ai rencontré le président des cultivateurs andins de coca qui compte quelque 5000 membres. La coca, là-bas, ne se résume pas à la cocaïne. Ils en font des produits dérivés, comme nous avec le chanvre. J'ai tout de suite adopté leur dentifrice aux feuilles de coca. Il a soulagé mes douleurs dentaires. Le problème, c'est que les plus gros consommateurs de drogue du monde - les Américains - veulent donner des leçons à ces cultivateurs.

> Et ces seize mois fermes qui sont encore pendants?
>> Nous avons fait recours au Tribunal fédéral. La prison ne me fait pas peur. Dans cette affaire, je me sens comme Jésus-Christ. Si les juges me crucifient, j'ai envie de leur dire: "Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font." Je ne suis pas suicidaire: j'ai toujours su m'entourer des meilleurs avocats avant de lancer un produit sur le marché. Juste avant sa nomination au Conseil fédéral, j'ai demandé à Pascal Couchepin de défendre mes intérêts. Il m'a toujours soutenu. Et aujourd'hui, c'est un de ses anciens associés qui a repris le dossier.

> Mais vous laisseriez votre fils conduire après avoir fumé un joint?
>> Mon fils a fumé son premier joint à 22 ans. Un soir de foire en Allemagne, je l'ai vu prendre le volant d'une Mercedes après une fumette, alors qu'il n'avait même pas son permis de conduire. Je dois reconnaître que cela m'a inquiété. Mais dépénaliser le cannabis ne veut pas dire que l'on pourra en consommer dans n'importe quelle situation. C'est exactement comme pour l'alcool: on ne conduit pas avec une bouteille de whisky à la main. La vérité, c'est que je fume au volant depuis plus de vingt ans et que je n'ai jamais eu d'accident. Moi, j'aimerais que l'on pousse le problème plus loin. Que l'on fasse une étude sur des consommateurs réguliers de chanvre en étudiant les impacts sur leur santé. Je suis sûr que l'on constaterait qu'ils consomment nettement moins de médicaments que les autres. Ce qu'il faut, c'est une véritable campagne d'information. Fumer du chanvre oui, mais pas avec du tabac. Le danger: c'est de devenir accro à la cigarette. L'industrie du tabac n'a jamais voulu se lancer dans le chanvre pour des questions morales. Maintenant qu'elle a la réputation de trafiquants de drogue légale, elle devrait avoir moins de scrupules. D'ailleurs, elle a déjà déposé des marques comme marijuana ou cannabis.

> Pour vous, le chanvre est une plante typiquement valaisanne qu'on avait oubliée avec le temps?
>> C'est certain. Pour rallier les milieux d'extrême droite valaisans à notre cause, il suffit par exemple de rappeler que ce canton ne serait jamais fait sans le chanvre et que ce sont les Américains qui veulent le prohiber. En 1970, j'ai traversé Evolène avec une équipe de copains le shilom au bec. Un vieux du village, interloqué a tiré sur la pipe et nous a dit: "Ah! vous fumez du chanvre, comme à notre époque. Maintenant, ils nous disent que c'est de la drogue." Ma grand-mère, elle, mettait une ficelle de chanvre autour de sa taille pour soulager son mal de dos. J'ai offert à un haut fonctionnaire de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) un gilet en chanvre qu'il ne quitte plus pour éviter les lumbagos. C'est une plante médicinale que l'on refuse d'étudier. On refuse ses vertus sur la santé.

> Le chanvre est un gros business. Vous avez doublé votre chiffre d'affaires tous les six mois. Cette dépénalisation, c'est le début d'une guerre des chiffres entre producteurs?
>> Non, il y a de la place pour tous. Vos chiffres étaient valables, il y a deux ans. La chance de la Suisse ne réside pas dans la culture massive de chanvre, à l'image de ce qui se fait en France ou aux Pays-Bas. Chez nos voisins, on cultive du chanvre sur 20 000 hectares pour en faire du papier à cigarettes ou de la nourriture pour les oiseaux. Nous devons apprendre à faire mieux que cela, à sélectionner les meilleures variétés pour faire de la qualité, comme ont su le faire les Turcs depuis des années. On exporte déjà nos huiles essentielles dans le monde entier. On pourrait planter 2000 hectares rien qu'en vue de ses effets thérapeutiques. Quant à sa consommation récréative, ce sont 5000 hectares importés qui sont fumés chaque année. Nous pourrions par exemple produire 1000 à 1500 hectares rien que pour compenser le surplus du secteur vitivinicole qui écoule énormément de vin de basse catégorie, celle de la troisième zone viticole. Pour cette zone, les revenus des propriétaires seraient bien meilleurs avec du chanvre.

> Voulez-vous aller jusqu'à la légalisation du cannabis?
>> Non, pas forcément. Je me méfie du mot légalisation. Le bon citoyen suisse veut réguler, contrôler, réglementer. Au début du siècle, le débat se focalisait sur l'interdiction de l'alcool. Entre l'alcoolisme et les produits frelatés, les morts se comptaient par milliers. Le Conseil fédéral a fini par réglementer ce marché en créant la Régie fédérale qui contrôle le tout, du commerce à la taxation, en passant par la qualité. Moi, je suis un arboriculteur bio: je produis de l'abricotine, de l'eau de poires william, de l'alcool de pêche. Pour chaque bouteille que je vends, je subis un contrôle de la police des alcools. Avec la chute des consommateurs d'alcool, la régie est un peu en perte de vitesse. Elle a même contacté la Coordination suisse du chanvre pour compenser la baisse de ses rentrées fiscales par le nouveau marché des drogues, y compris le cannabis. Ce sont certainement ses inspecteurs qui sont les mieux équipés pour faire ce travail. Thomas Zeltner, le directeur de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), a déjà anticipé la décision du Conseil fédéral en définissant la réglementation de la distribution, du contrôle de la production en passant par les règles d'exportation.

> Vous avez souvent utilisé la carte de la provocation pour faire avancer votre cause, une nécessité.
>> Je suis un pionnier dans l'âme. Dès les années septante, j'ai voulu rendre ma ferme autonome au niveau énergétique. J'ai donc installé une éolienne et des capteurs solaires. En 1973, alors que la crise pétrolière battait son plein, que les premiers dimanches sans voiture arrivaient dans notre pays, le Conseil d'Etat valaisan m'a interdit de mettre une éolienne. Cela ne faisait pas beau dans le paysage. Oui, Je suis un Valaisan qui refuse de baisser la tête. Oui, j'ai toujours dû me battre contre les autorités pour faire passer mes idées. Quand j'ai commencé l'agriculture biologique dans ce canton, j'ai été plus critiqué que n'importe quel assassin. Même ma famille et mes amis agriculteurs étaient sur mon dos. Ces réactions m'ont toujours stimulé, parce que je ne m'engage jamais dans des combats individuels. J'ai commencé seul, mais il y a aujourd'hui 250 agriculteurs bios en Valais. Je suis un dinosaure reconnu de son vivant. D'habitude, dans ce pays, seuls les morts ont voix au chapitre. Un peu comme Farinet.

> Vous considérez-vous en quelque sorte comme le José Bové du chanvre?
>> J'étais un syndicaliste agricole bien avant José Bové. J'étais vice-président de l'Union des producteurs suisses et Fernand Cuche était mon secrétaire. Si je veux fumer un joint demain avec José Bové, je prendrai rendez-vous avec lui par l'entremise de Fernand Cuche. Les journalistes français trouvent que j'ai la même dialectique que lui. Mais, si Bové devait défendre le chanvre aujourd'hui, il traînerait cette cause comme une casserole. J'aime le travail qu'il fait, même si je privilégie la voie non violente. J'ai eu une éducation antimilitariste, et mon père était un communiste anticlérical. L'éducation, c'est important. Mon grand-père a déversé un camion de choux-fleurs sur la place Fédérale pour manifester son mécontentement; mon père a été condamné pour incitation à émeute. Je suis de tous les combats. On a empêché Hydrorhône de voir le jour, on a réussi à rendre plus écologique le projet d'autoroute Martigny-Brigue. Je suis aussi le fondateur du WVF Valais. Dans ce canton, une telle attitude est suicidaire.

> Et vous restez en Valais?
>> J'adore ce canton, sa nature et ses montagnes. Je me sens Valaisan et mes amis sont ici. J'ai connu la prison dans cette région, mais elle ne me fait pas peur. Il fallait bien cela pour débuter l'aventure du chanvre. Et puis, on ne m'a pas toujours poursuivi pour ces cultures. Depuis le début des années septante, j'en ai cultivé pendant vingt ans en petite quantité sans aucun problème. En 1984, des policiers de Martigny sont même venus me ramener de la marchandise que m'avaient volée des ouvriers portugais. C'est en 1992 que tout a basculé, quand un juge valaisan a décidé de détruire ma culture. Mais tout cela s'est fait de façon si maladroite. Un juge instructeur qui joue les cow-boys avec moi, cela ne fait que me stimuler.

> Mais, quand vous avez été condamné pour la vente de coussins "thérapeutiques", vous croyiez vraiment à leurs vertus médicinales?
>> Je vous donne l'adresse de mon ancienne secrétaire qui n'a jamais fumé un joint de sa vie. Elle a acheté un coussin parce qu'elle est asthmatique. Le juge le lui a même rendu. Mais le fait est que, en tant que citoyen, on ne peut pas subir des lois hypocrites sans essayer de les détourner. Toute cette affaire a fait rire la Suisse. Et l'humour est notre plus grande arme. La caravane est lancée, et même si quelques chiens continuent d'aboyer, on ne pourra plus l'arrêter. Quand on pense que notre société a réussi à intégrer les deux drogues dures que sont l'alcool et le tabac qui font 12 000 morts en Suisse chaque année! Aujourd'hui, tout le monde est d'accord avec le fait qu'il serait complètement stupide de les interdire. Il y a trois ans, lors de la grève du tabac en Italie, le paquet de cigarettes se vendait aux enchères 200 francs. Ceux qui profitent du marché noir, ce sont les groupes mafieux. En Allemagne, on infligeait la peine de mort aux fumeurs de tabac. La répression est inutile. On sait que cela tue, mais on sait aussi que cela rapporte. Une société adulte et responsable doit pouvoir faire la même chose avec le joint. La prohibition vient tout droit des Etats-Unis. Pourtant, sans le chanvre, il n'y aurait pas eu de voiles et de lampes à huile sur les navires de Christophe Colomb, lors de sa quête des Amériques. Les premiers paysans américains avaient l'obligation de cultiver dix pour cent de leurs champs avec du chanvre. Certainement que le premier drapeau étoilé et que la première Constitution américaine étaient en chanvre. Pourquoi diaboliser cette plante? Parce que des intérêts économiques sont en jeu. L'industrie du papier est aux mains des médias américains, alors que l'on sait que le chanvre produit cinq fois plus de cellulose que le bois des forêts. Les industries du coton, des textiles et du pétrole ne voulaient pas non plus du chanvre. Elles ont diabolisé le chanvre en prétendant que les hommes noirs violaient les femmes blanches après avoir fumé de la marijuana. Pourtant, c'est une alternative écologique.

> Quelle est pour vous la définition d'une drogue douce?
>> L'homme est accro aux alcaloïdes, soit la cocaïne, l'héroïne, l'alcool et le tabac. Ce n'est pas le cas du chanvre. En prison, ce qui me manquait, ce n'était pas le cannabis, mais le tabac. Il n'y a pas d'accoutumance physique au chanvre et à ses dérivés. Je ne dis pas qu'il n'y a aucune dépendance psychique ni qu'il s'agit d'un produit complètement innocent. J'ai vu des journalistes dormir à deux cents mètres de ma ferme après avoir fumé un joint concluant une interview. Même si on déconseille cette substance au volant, les études anglaises ou australiennes démontrent que fumer un joint peut calmer avant de conduire. Vous savez, il suffit de manger une salade et une crème budwig et boire une bière assaisonnée à l'huile de chanvre pour être positif au contrôle THC. Ce qui m'a donné envie de continuer la culture du chanvre, c'est aussi mon séjour en prison. On enferme des jeunes pour des petits délits liés au trafic de haschich. Ils rentrent en tant que fumeurs de chanvre et en ressortent héroïnomanes. Parce qu'on les contrôle régulièrement et que le cannabis reste dans les urines pendant trois semaines. Ce n'est pas le cas avec l'héroïne. On trouve de tout dans une prison. Comment voulez-vous parler de prohibition dans une société, alors que cela ne fonctionne même pas dans une prison. J'ai vu des jeunes de Sion venir se fournir en héroïne au pénitencier cantonal.

> Que dites-vous à ceux qui vous servent le discours du passage des drogues douces aux drogues dures?
>> Cela fait quinze ans que l'Office de la santé publique mène une politique d'information pour expliquer que c'est faux. Si vous discutez avec un héroïnomane, il vous expliquera que c'est l'alcool et le tabac qui l'ont amené à l'héroïne. C'est le marché noir qui pourrit tout. Quand un jeune ne trouve pas de haschich, on lui propose de l'héroïne, et c'est là que l'escalade commence. Les dealers gagnent plus avec les drogues dures. Cette théorie est aussi bonne que celle qui dit que le fait de boire du lait maternel conduit à l'alcoolisme.

> Pourtant, même les Pays-Bas ont décidé de durcir leur législation.
>> Les Hollandais sont coincés dans l'Europe. Ils sont contents de leur politique, mais subissent la pression de leurs partenaires de l'UE. Il y a trois ans, la production de chanvre en Hollande avait dépassé celle de la tomate et arrivait en troisième position des cultures indigènes, juste derrière le lait et les fleurs.

Trajectoire

> 1953
>> Naissance le 18 février à Saxon "où les trains s'arrêtent et les idées passent. C'est une terre de révoltes paysannes."

> 1965
>> Le petit écolier valaisan lit des lectures antimilitaristes et rencontre à Sion "l'abbé Lugon pour lui faire part de son désir d'objection de conscience". Six ans plus tard, il sera réformé à cause de ses pieds plats.

> 1968
>> Pendant Mai 68, il fait ses études d'oenologie à Montagibert et en France, à Beaunes.

> 1970
>> Premier voyage à Amsterdam et premières fumettes.

> 1992
>> Un juge d'instruction valaisan ordonne la destruction de son champ de chanvre. Il fait sa première semaine en prison.

> 1997
>> Début de l'affaire des "coussins à fumer", des oreillers thérapeutiques dont certains consommateurs fument le contenu.

> 2000
>> Il songe enfin à se marier. Il recourt contre la décision du Tribunal cantonal valaisan de le condamner à seize mois de prison ferme et 20 000 francs d'amende pour trafic de stupéfiants.


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Vendredi 18 janvier 2002 17h46

Le bras de fer continue entre Rappaz et la justice valaisanne

(18/01/2002) CHANTAL SAVIOZ

 

Bernard Rappaz reste en détention préventive. Le juge d’instruction du Bas-Valais, Philippe Médico, vient de rejeter une nouvelle demande de libération, estimant que plusieurs personnes devaient encore être interrogées et que les risques de collusion demeuraient. L’avocat de Rappaz a fait recours hier au Tribunal cantonal valaisan.

Le chanvrier, inculpé pour violation grave de la Loi fédérale sur les stupéfiants, est toujours détenu au centre carcéral de l’Hôpital cantonal de Genève. Arrêté le 20 novembre dernier, il entame aujourd’hui sa soixante-huitième journée de grève de la faim, et semble plus déterminé que jamais à poursuivre son action, si l’on en croit sa compagne Sabine Lord Zysset. "Il a perdu plus de vingt kilos, et est très affaibli, mais il conserve un moral d’acier", a précisé la jeune femme, hier, à la sortie de sa quatrième visite au prévenu. "Le médecin m’a avertie que son état de santé peut devenir inquiétant. Il a à sa disposition du glucose en cas de perte de connaissance."

Le chanvrier ne consommerait que de l’eau minérale sans additifs, toujours selon sa compagne. Il se déplacerait avec une canne et aurait signé une décharge, refusant toute perfusion. Si la justice valaisanne, ne souhaite apporter aucun commentaire, à l’extérieur, les disciples du cannabis se mobilisent. Une manifestation de soutien aura lieu samedi à Genève, place Neuve.

 

 

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Un martyr inutile

Il le dit lui-même: l’homme est têtu comme un mulet...

Daniel Pillard

Il le dit lui-même: l’homme est têtu comme un mulet. Voilà 69 jours, ce dimanche, que le chanvrier valaisan Bernard Rappaz fait la grève de la faim pour protester contre son arrestation, le 14 novembre dernier. En 1981, Bobby Sands, le célèbre activiste de l’IRA, est mort à l’aube de son 65e jour de jeûne.

Rappaz va-t-il se laisser mourir? Dans les dernières lettres adressées à son entourage, il martèle sa détermination. Ses proches sont convaincus qu’il ira jusqu’au bout.

Voilà vingt-cinq ans que cet ancien vigneron devenu chantre de la libéralisation du chanvre multiplie les provocations. Sourire en coin et pétard aux lèvres, il jure ne cultiver le cannabis qu’à des fins thérapeutiques. Il y a longtemps que plus personne ne le croit. En mai 1999, la justice valaisanne l’a déjà condamné à seize mois de prison ferme pour avoir vendu des centaines de coussins bourrés de marijuana.

Bernard Rappaz n’est pas un gentil baba cool. Au fil des années, le cultivateur valaisan est devenu le plus gros fournisseur de cannabis de Suisse. En 2000, sa PME du chanvre réalisait un million de chiffre d’affaires. En vendant fleurs, huile et plaques de haschich par tonnes, alors que la libéralisation de cette drogue légère n’est pas encore effective dans notre pays, il s’est placé dans l’illégalité. Ses dénégations n’y changent rien.

Reste qu’il ne mérite pas d’être traité comme un dangereux délinquant. Rien ne justifie que sa mise au secret – plus de deux mois déjà – se prolonge. Au nom de la proportionnalité de la peine, Bernard Rappaz devrait être libéré en attendant son jugement. Ne serait-ce que pour le protéger contre lui-même. Le rôle de l’Etat est de rendre justice, pas de se venger.

La cause de la libéralisation du cannabis n’a pas besoin d’un martyr.

 

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Jusqu’à la mort?

La mise au secret du chanvrier a battu les records.

Dans une lettre datée du 12 janvier, il dit vouloir continuer son jeûne.

Ses proches témoignent.

Claude Ansermoz
Paolo Mariani

En entrant dans ce qui fut le temple du chanvre valaisan, on comprend que l’affaire ne finira pas forcément bien. L’affaire? C’est celle de Bernard Rappaz, le Zorro du chanvre valaisan qui attaque aujourd’hui son 69e jour de grève de la faim, enfermé à titre préventif dans le quartier carcéral de l’Hôpital cantonal de Genève. Le cavalier noir avait su galoper entre les lassos de la justice. L’agriculteur, déjà sous le coup d’une condamnation ferme de seize mois en attente d’exécution, n’a pas eu cette chance. En novembre dernier, la police valaisanne l’a arrêté, après avoir saisi, entre autres, 50 tonnes de chanvre, et découvert un laboratoire clandestin dans son dépôt de Charrat (VS). Le jugement, selon son avocat Me Aba Neeman, aura lieu ce jeudi dès 10 h 30 au Tribunal cantonal de Sion.

Cette histoire a aussi ses «Bernardo». Le rôle du «sourd-muet» est ici tenu par la justice. Ni Philippe Medico, le juge d’instruction en charge du dossier, ni Dominique Bertrand, le médecin responsable de l’unité carcérale, ne pipent mot. Pour connaître l’état de santé de Bernard Rappaz, il faut s’adresser à ses fidèles. Quitte à enregistrer leurs témoignages avec des pincettes.

Dans l’immense hangar martignérain de Valchanvre, le chiffre d’affaires qui avoisinait le million en 2000 est tombé à zéro. Les coupes à la gloire internationale des semences autochtones trônent encore sur les étagères. «Voilà ce qui reste de notre société», admet Sabine Lord, la compagne de Rappaz, «nous avons déjà licencié deux personnes. Les comptes ayant été saisis, je règle les salaires avec mon argent privé. Les médecins sont inquiets. Ils lui ont même proposé de le nourrir en cachette, sans avertir les médias. Mais il refuse d’être assisté avant de tomber dans le coma. A force de ne s’abreuver que d’eau et de tisanes de camomille, il ne lui reste que la peau sur les eaux. Il faisait dans les 90 kilos, il n’en pèse plus que 66. Quand je le vois, je dois m’asseoir pour supporter sa maigreur.»

La liste des symptômes s’allongerait. «Il ne se déplace plus qu’avec ses béquilles. Sa vue baisse et ses oreilles bourdonnent. Ils ont dû lui arracher une dent qui se déchaussait. Les médecins ont constaté les premiers signes de rachitisme, sur les côtes. Mais ce qu’ils craignent le plus, c’est une insuffisance rénale qui conduirait à un empoisonnement du sang. Cela peut arriver d’un jour à l’autre.» Sabine a même loué une chaise roulante: «A Sion, ils m’ont dit que je ne pourrai plus le voir s’il ne peut pas se déplacer en toute autonomie. A Genève, c’est un autre monde, ils sont plus tolérants.»

Maggy Lorétan a rejoint ce qu’elle considère comme «l’union sacrée». L’ancienne femme de Rappaz, pourtant brouillée avec lui depuis quelque temps, ne comprend pas cet acharnement. «Je viens d’un village ruiné, Loèche. Et l’homme responsable de cette faillite n’a passé que huit jours en préventive.» Maggy donne donc un coup de main à Valchanvre et rend elle aussi visite au père de sa fillette. «Il dégage de Bernard une grande rage malgré sa faiblesse. Plus son corps s’use, plus il paraît déterminé. Dans cette affaire, la balance de la justice s’est cassée. On nous parle de mise au secret pour risques de collusion. Dans le même temps, on me laisse le voir et lui parler alors que je connais tous les amis et partenaires de Bernard.»

Claude Rey, lui, ne rêve que de «retourner pêcher avec Bernard». Cet associé de longue date, libéré après quelques jours préventive, ne cache pas son inquiétude: «Certains parlent de situation ridicule. Mais, après 69 jours de grève de la faim, ils ne réalisent pas qu’un homme ne sera plus jamais le même. Je me demande si la cause du chanvre en vaut la peine. Notre rôle est-il de jouer les Gandhi?» «Mais il ne s’agit pas de chanvre, rétorque Maggy, c’est une histoire d’injustice.» Et Sabine de conclure: «Ils n’auront jamais Bernard derrière les barreaux, ils n’auront que son cadavre.»

 

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BRAS DE FER

Bernard Rappaz sauvé demain?



INQUIÉTUDE

Bernard Rappaz montre des signes de carence importants, selon sa compagne, Sabine Lord: "Lui qui faisait 90 kilos avant son incarcération, il ne pèse aujourd’hui plus que 66 kilos."

En grève de la faim depuis une septantaine de jours, le patron de Valchanvre réclame la fin de sa détention préventive. A la justice de trancher

Alexandre Bender
23 janvier 2002

"Bernard refuse toujours de s’alimenter. Son médecin est inquiet, il trouve qu’il va de plus en plus mal. Il peut tomber dans le coma d’une minute à l’autre." Apparu le week-end dernier sur la page d’accueil du site Internet de Valchanvre, alors que Bernard Rappaz en était à son 70e jour de grève de la faim, le message est censé flanquer la frousse. Demain matin, la justice valaisanne statuera sur une nouvelle requête de mise en liberté du chanvrier, lequel s’est juré de sortir ou de mourir.

Que lui reproche la justice?
Le chanvrier est inculpé de violation grave à la loi fédérale sur les stupéfiants. Des perquisitions opérées fin 2001 dans la région de Martigny ont permis de découvrir quelque 50 tonnes de chanvre ainsi qu’un laboratoire clandestin. Les analyses des produits séquestrés ont révélé une teneur en THC (principe actif du chanvre) variant entre 7,2% et 40%. Soit bien plus que les 0,3% tolér
és.

Quelle est sa ligne de défense?
Dans le fond, Bernard Rappaz soutient que son activité relève de la commercialisation de produits parfaitement légaux: "Litière végétale naturelle biodégradable pour chat, spaghettis aux tourteaux de chanvre bio, parfums Cannabis, huiles essentielles au chanvre, bière, vin au chanvre, shampooing gel douche CannaBody, etc. Par ailleurs, une partie de sa production de chanvre était réservée à un usage strictement thérapeutique.

Sa vie est-elle en danger?
Enfermé à titre préventif dans le quartier carcéral de l’Hôpital cantonal de Genève, Bernard Rappaz refuse toute perfusion. Selon ses proches, il montre des signes de carence importants. Plus les jours passent, plus l’apparition de séquelles irréversibles guette. "Lui qui faisait 90 kilos avant son incarcération, il ne pèse aujourd’hui plus que 66 kilos", souligne sa compagne, Sabine Lord. De son côté, Me Aba Neeman estime que son client est désormais en "danger de mort".

Sera-t-il libéré demain?
Eu égard aux risques de collusion, le juge d’instruction Philippe Medico estime que Bernard Rappaz doit rester en détention préventive. Pour Me Neeman ce risque est au contraire inexistant à ce stade avancé de l’enquête. Demain matin, la justice tranchera. Dans le meilleur des cas, le chanvrier sera libéré. Mais pas pour longtemps. Il lui reste en effet à purger 16 mois ferme pour une précédente affaire, celle des coussins thérapeutiques à haute teneur en THC et vendus 1000 francs pièce.

 

Le Matin / Edipresse online

 

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  mardi 22 janvier 2002

 

Le chanvrier Bernard Rappaz met sa vie dans la balance
Eric Felley
Mardi 22 janvier 2002


Chaque jour qui passe accentue la tension autour de la grève de la fin de Bernard Rappaz, arrêté le 15 novembre dernier. Le chanvrier valaisan en est, aujourd'hui, à son 70e jour de grève de la faim et, comme le relèvent ses proches, il commence à montrer des carences importantes. D'une corpulence appréciable, 90 kilos, il avait certes de la marge, mais aujourd'hui elle a fondu, il ne pèse plus que 66 kilos.
Bernard Rappaz a déjà demandé par trois fois, en vain, sa mise en liberté. Jeudi, la chambre pénale du Tribunal cantonal, présidée dorénavant par le juge Jacques Bethousoz, statuera sur une quatrième demande. De toute évidence, les reproches de la justice valaisanne envers le chanvrier concernent l'ambiguïté de son commerce, notamment au travers la société Valchanvre, entre ce qui relève de la commercialisation des produits légaux et de la vente parallèle à une échelle importante de produits à usage stupéfiant.
Sur ce dossier, les autorités valaisannes restent sur la défensive. Le conseiller d'Etat Jean-René Fournier en charge de la sécurité et des institutions déclarait dans dimanche.ch, qu'il n'a pas à intervenir étant donné la séparation entre l'exécutif et le judiciaire. Au Tribunal cantonal, la présidente, Françoise Balmer-Fitoussi, n'entend pas s'exprimer davantage si ce n'est pour dire que la procédure pénale est respectée: «Il y a dans cette affaire un traitement tout à fait conforme à la procédure pénale, quant au fond, je ne suis pas habilitée à répondre .»
Le cas Rappaz trouve toutefois des échos à l'extérieur du canton où une chaîne du jeûne a été organisée par la Fédération des consommateurs de cannabis. Son présidentm, Boris Gyser, demande cependant à Bernard Rappaz d'arrêter son jeûne: «Il ne doit pas y avoir de martyr du chanvre. Tous les pays sont en train de dépénaliser le cannabis, mais aussi de vivre une période d'attente des nouveaux textes de loi. Les anciennes lois encore en vigueur créent une période de trouble socio-juridique qui permet aux magistrats prohibitionnistes d'exprimer leur désaccord politique personnel.»
Quant au risque de collusion avancé par le juge, l'avocat Me Aba Neeman le conteste: «Il y aurait des soupçons de blanchiment d'argent auprès du Credit Suisse. Mais je ne pense pas que si Rappaz sort il puisse influencer les responsables de la banque. Aujourd'hui les quantités sont là, Rappaz ne peut plus rien y changer. Il demande simplement de pouvoir sortir quelques semaines pour se refaire une santé et aller ensuite purger sa peine.» Car s'il sort de la préventive c'est pour mieux rentrer en prison. Il doit purger 16 mois ferme pour l'affaire des coussins au chanvre de 1996.

 

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Une manifestation

de soutien

a eu lieu

samedi

19 Janv.

à Genève.

 

 

 

 

 

 

 

15 janvier à Paris

centre Helvétique

 

 

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EnSuisse:

 

 

 

 

 

 

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