Cette affaire aura provoqué un
certain malaise au moment où le monde politique suisse
réfléchit à une éventuelle
libéralisation du cannabis. Jouant sans cesse avec
les limites et les flous de la loi, le chanvrier valaisan,
combattant de la première heure
en matière dobjection
de conscience, brasseur en son temps des causes
pacifiste et antinucléaire, dérange
aussi bien ses concurrents chanvriers que les institutions
politiques et judiciaires. Dans un canton montagnard où
la fumette fait pourtant bon ménage avec la fondue,
on a usé de méthodes antigangs pour mettre
à lombre cet anarchiste trop impatient de ranger
le cannabis au même rayon que le tabac et lalcool.
Si les juges ne pouvaient prendre le risque de lélever
au rang de martyr, en le laissant mourir de faim, ils ont
redonné à laffaire sa juste proportion.
Dans le contexte actuel, Bernard Rappaz a dérogé
à la loi. Il devra en payer le juste prix.
..........page
complète de 24 Heures
|
DEPUIS UNE HEURE Bernard est LIBRE... ...confié
désormais aux médecins et à ses proches.... Notre solidarité
A GAGNé! Merci à tous... ! Merci à la presse suisse dans son ensemble
pour son travail de janvier
... article du jour "Et
si bernard éait Genevois comment serait-il jugé "
(Et bravo au valais...pour ce petit coup de théâtre...)
REVUE de Presse
Le 23 janvier 2002 Le Matin: Bernard Rappaz
sauvé demain?
SwissInfo 12 heures:D’un côté, le Zorro du chanvre, prêt à tout pour
défendre sa cause. A 49 ans, Bernard Rappaz a consacré une grande
partie de sa vie à ce combat. Pour dénoncer ce que lui et ses amis
appellent le marché gris du chanvre ou encore l’hypocrisie helvétique.
De l’autre, le juge, qui a déjà refusé trois fois de libérer le
Valaisan, pour risque de collusion. Le juge qui est confronté à
une décision difficile.
Soit il prolonge la détention d’un homme dont la santé est en jeu
soit il le libère et cède, en quelque sorte, à la pression..
lire
article complet avec liens sonores vers longue interview de l'avocat
Le 21 janvie 2002 Sa vie dans la balance
Le 20 janvier : "Même
un juge peut se tromper..." dit Me Poncet au Téléjournal.
70
jours de Grève de la Faim !
La presse donne
à cet événement sa gravité et sa portée.
Webdo > dimanche.ch
:« Mais il ne s’agit pas de chanvre, c’est une
histoire d’injustice ! »
Le jugement, selon son avocat Me Aba Neeman, aura lieu ce jeudi
dès 10 h 30 au Tribunal cantonal de Sion. Cette histoire a aussi
ses «Bernardo». Le rôle du «sourd-muet» est ici tenu par la justice.
Ni Philippe Medico, le juge d’instruction en charge du dossier,
ni Dominique Bertrand, le médecin responsable de l’unité carcérale,
ne pipent mot. Pour connaître l’état de santé de Bernard Rappaz,
il faut s’adresser à ses fidèles .....lire
l'article complet
et: Le rôle de l’Etat est de rendre justice,
pas de se venger.
’il ne mérite pas d’être traité comme un dangereux délinquant.
Rien ne justifie que sa mise au secret – plus de deux mois déjà
– se prolonge. Au nom de la proportionnalité de la peine, Bernard
Rappaz devrait être libéré en attendant son jugement. Ne serait-ce
que pour le protéger contre lui-même. Le rôle de l’Etat est de
rendre justice, pas de se venger. ..lire
l'article complet
.....lire
l'article complet
"Il a perdu plus de vingt kilos, et est très
affaibli, mais il conserve un moral d’acier", a précisé la jeune
femme, hier, à la sortie de sa quatrième visite au prévenu. "Le
médecin m’a avertie que son état de santé peut devenir inquiétant.
Il a à sa disposition du glucose en cas de perte de connaissance."
Le chanvrier ne consommerait que de l’eau minérale
sans additifs, toujours selon sa compagne. Il se déplacerait avec
une canne et aurait signé une décharge, refusant toute perfusion.
Si la justice valaisanne, ne souhaite apporter aucun commentaire,
à l’extérieur, les disciples du cannabis se mobilisent.
après 64 jours
de Grève de la faim
de Bernard
Rappaz
www.dimanche.ch
24 heures explique tout le mouvement de soutien
à la cause de la liberté de bernard et du cannabis
Le Courrier analyse
les DESSOUS socio-politiques de l'affaire Valchanvre....
Devant
l'Histoire,
il aura fallu plus
de 50 jours de grève de la
faim en prison....avec la solidarité de
tout le mouvement chanvrier suisse... en manifestation
de soutien ... tous les week - ends...pour que
la presse cesse de véhiculer simplement les communiqués
de justice.......sans remise en question....Maintenant
que le transfert de la prison de Sion ( province, "instinctivement"
opposée au cannabis car c'est une province viticole
et vinicole...
Maintenant que Bernard est à Genève... Nous
sommes rassurés... il est en surveillance médicale
permanente..,
|
|
Bernard est
transféré à Genève
pendant le week-end du Réveillon...
le Nouvelliste...retransmet le communiqué de police - ATS
www.dimanche.ch s'indurge.... mais aussi publie
une chouette bio interview de Bernard
24 heures expèlique tout le mouvement
de soutien à la cause de la liberté de bernard et
du cannabis
Le Courrier analyse ici
les DESSOUS socio-politiques de l'affaire Valchanvre....
Les
DESSOUS socio-politiques de l'affaire Valchanvre...
Paru le : 9 janvier 2002
L’autorité judiciaire valaisanne joue un étrange père fouettard
• Bernard Rappaz fait la grève. L’autorité a fait
du zèle. Des agriculteurs s’étonnent de ce soudain réveil
judiciaire contre le chanvrier, tandis que d’autres craignent
que l’affaire ne fasse le lit des anticannabis.
CHARLES PRALONG
Le
pouvoir judiciaire valaisan ne joue-t-il pas un étrange rôle
en menant l’une de ses plus vastes opérations de répression
policière contre le cannabis? Pendant que le climat est à
l’ouverture sous la Coupole et qu’un Conseil des Etats réputé
conservateur accepte à une large majorité la dépénalisation
du cannabis, le Valais endosse le costume d’un père fouettard
de mauvaise humeur.
L’attitude n’a pas seulement stupéfait les amis de Bernard
Rappaz. Des producteurs sous contrat avec Valchanvre dénoncent
une manière de faire qu’ils jugent déconcertante: «Tout le
monde en Valais connaissait les activités de Bernard Rappaz.
Pendant des années, l’Etat a perçu des impôts; il n’a rien
dit, alors qu’il avait des instruments de contrôle.» Pour
le président de Biovalais, Gérard Constantin, le canton a
volontairement fermé les yeux, pour les ouvrir «au moment
le plus médiatique».
Les agriculteurs, pas seulement bio, sont interloqués. On
leur a présenté le chanvre comme une culture alternative intéressante
alors qu’ils vivent une période difficile. Pas intéressante
pour le pétard, mais pour des usages dérivés, comme les huiles
essentielles, l’usage alimentaire ou textile. Certains vignerons,
loin de tout milieu interlope, s’y sont mis. Et voici qu’à
leurs yeux, le chanvre fleurit d’un diable. «On dramatise,
on fait des amalgames», regrette Gérard Constantin. «50 tonnes
de chanvre, ça paraît énorme, mais ça ne correspond qu’à 100
à 150 litres d’huile essentielle sans substance active!»
LE CAS
RAPPAZ
Le président de la Chambre valaisanne d’agriculture, Claude
Bertholet, juge «anachronique» la démarche de l’autorité.
Mais il lui trouve des excuses: «Le dossier Rappaz a connu
de multiples péripéties, les juges ont appris à être prudents
avant d’agir. Comme beaucoup de Valaisans, Claude Bertholet
affirme son respect de la loi, et sa confiance dans l’autorité
qui la représente. Et puis il n’a que peu de sympathie pour
Bernard Rappaz...
On touche ici un point sensible. Le chanvrier est perçu comme
un personnage ambigu, sympa mais malin, plein d’initiative
mais jamais oublieux de ses intérêts et finaud pour utiliser
les médias. Or on ne parle pas d’affaire Valchanvre, on parle
surtout de lui. Le député du Parti chrétien-social Dominique
Savioz estime que cette focalisation fausse le débat. Et le
débat est déjà assez complexe comme ça: «Tout est paradoxal.
La Confédération donne un message de tolérance, pendant que
le Valais réprime. Il y a une zone grise, et ceux qui s’y
trouvent doivent être très droits et honnêtes.»
Quant aux producteurs bio qui s’interrogent sur l’attitude
de l’Etat, ce n’est pas tant Rappaz qu’ils défendent, dénonçant
plutôt l’impasse dans laquelle on les met. Nombre d’entre
eux ont livré du chanvre à la société; ils ne veulent pas
abandonner leurs créances: «Le juge n’a même pas pris contact
avec nous. Nous sommes ulcérés», commente Gérard Constantin.
UN AUTOGOAL
CALCULÉ?
Pour le conseiller national socialiste Stéphane Rossini, l’affaire
pourrait biaiser le débat politique: «C’est un autogoal, qui
rend un très mauvais service à la libéralisation du cannabis.»
Selon lui, les lobbies opposés à cette évolution ont trouvé
une facile pitance pour nourrir leurs arguments, du genre:
quoi donc? On trouve des tonnes de chanvre suspect, alors
même qu’on dépénalise? Imaginez le trafic sur le dos de la
jeunesse quand le marché sera libéralisé... Voilà qui pourrait
peser, pas tant sur le Conseil National que sur la campagne
«qui animera le référendum qui va suivre». De là à dire que
l’autorité valaisanne, très froide vis à vis de la dépénalisation,
a choisi d’agir pour influencer l’opinion, il n’y a qu’un
pas. Stéphane Rossini ne le franchit pas, mais dit: «Je ne
suis pas étonné que l’autorité soit intervenue maintenant.
C’est un moment charnière.»
Les paysans, eux, sont perplexes. Que se passera-t-il? On
assiste déjà au Tessin à une spéculation sur les terrains.
Des investisseurs attirés par le marché juteux du chanvre
récréatif anticipent l’évolution légale. «Cela m’inquiète.
Cette culture devra se limiter à une activité industrielle
strictement contrôlée», commente Gérard Constantin.
Des policiers avaient séquestré, en novembre, 50 tonnes de
chanvre dans les locaux de la société Valchanvre. La découverte
d’un laboratoire clandestin de transformation et de plaques
de haschich avaient confirmé leurs soupçons. L’opération a
provoqué la détention préventive du patron de la société,
Bernard Rappaz, pour infraction à la loi sur les stupéfiants.
Celui-ci
proteste depuis cinquante-cinq jours par une grève de la faim.
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LIRE
AUSSI: INTERVIEW
de ..2001DE
FIN
Rappaz: le Farinet du chanvre
entre info et
intox
Le patron de Valchanvre a dû être hospitalisé
à Genève, jeudi soir.
Mais qui prend au sérieux sa grève de la faim?

Vendredi, dans Libération, Bernard Rappaz a atteint
la notoriété médiatique hexagonale. Le quotidien français
explique que le Valaisan a entamé sa grève de la faim «pour
dénoncer l’hypocrisie helvétique». Et d’en déduire que la
«situation semble embarrasser les autorités fédérales, qui,
par leur nouvelle législation, entendent justement clarifier
le statut du cannabis».
A ras les barreaux de la prison de Sion, cette grève de la
faim, entamée le 14 novembre, n’est qu’un fait divers.
Interdite de visite
Agacé, le directeur de la prison des Iles, Jean-Michel Gillioz,
finit par casser le morceau: «Il s’alimente légèrement, mais
il s’alimente. D’autres prisonniers lui donnent à manger et
il reçoit des aides extérieures: la prison n’est pas hermétique.
De toute façon, Rappaz n’ira pas jusqu’au bout.» C’était une
paire d’heures avant que le fonctionnaire reçoive l’ordre
du juge d’instruction de service de transférer le Farinet
du chanvre à l’hôpital de Genève. Le médecin de la prison
venait de diagnostiquer une baisse du taux de sucre dans le
sang.
Ce transfert devrait réjouir la compagne de Bernard Rappaz,
et mère de son petit garçon, Sabine. Si elle se dit rassurée,
elle a été surprise, hier matin, quand, après avoir faxé l’autorisation
– délivrée par le juge d’instruction – de voir le prisonnier,
le planton genevois lui a parlé d’un autre fax envoyé par
le directeur de la prison sédunoise précisant que Rappaz n’a
droit ni aux visites ni aux coups de fil.
Mais dans quel état est le Valaisan? «Il m’a écrit que sa
vue baisse, qu’il a des douleurs dans le dos, des bourdonnements
dans les oreilles et qu’il a perdu connaissance un moment
cette semaine», explique son avocat Me Abe Neeman. Raoul Rappaz,
le père, est soulagé que son fils soit désormais en milieu
hospitalier: «Avec la tête dure qu’il a, il est tout à fait
capable de ne rien manger. Mais il boit des tisanes.» «Il
est dans un état de faiblesse totale, même s’il est en excellente
santé», assure son ami Boris Ryser, qui multiplie les déclarations
pour remettre en lumière l’enjeu de cette grève de la faim,
la situation des acteurs du «monde gris du chanvre». «Nous
réclamons un moratoire général pour les producteurs de chanvre»,
martèle-t-il. Une lettre a été adressée au président de la
Confédération, Kaspar Villiger. Elle s’ajoute aux missives
que Sabine a envoyées aux conseillères fédérales Ruth Dreifuss
et Ruth Metzler, sur le droit de visite à son concubin. Et
à une réaction en chaîne d’un consultant français ès droits
de l’homme qui a bombardé Berne de lettres.
Sous perfusion?
Protégé par le secret médical, Bernard Rappaz pourrait être
requinqué en milieu hospitalier, où une alimentation forcée
n’est pas exclue. Une grève de la faim «renvoie le praticien
à son appréciation «en conscience» de chaque situation», écrit
un médecin français spécialiste du milieu pénitentiaire. En
1993, il avait dénombré 964 cas de grèves de la faim dans
les prisons françaises. Huitante et un pour cent des grévistes
avaient arrêté avant le 20e jour et six ont poursuivi au-delà
du 100e jour. Le Valaisan en est au 55e.
Pierre Thomas photo:
Keystone
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le dim 6 janvier 2002 |
Bernard
Rappaz hospitalisé
GRÈVE DE LA FAIM / (5/01/2002)
CHANVRE
Il faisait la grève de la faim depuis cinquante-trois
jours, ne buvant que de leau additionnée parfois
de sels minéraux. Le chanvrier valaisan Bernard Rappaz,
emprisonné depuis le 14 novembre à Sion, a été transféré
jeudi en fin de journée à lHôpital carcéral de
Genève. Cette mesure, autorisée par le juge dinstruction,
a été motivée par létat de santé du prisonnier,
qui aurait perdu quelque 20 kilos selon son avocat Aba
Neeman, nettement moins selon le directeur du pénitencier.
Le patron de Valchanvre et son associé Claude Rey avaient
été arrêtés à la mi-novembre après une saisie de plus
de 50 tonnes de chanvre séché dans les locaux et la
ferme de la société. Parmi les marchandises séquestrées,
certains produits atteignaient une teneur en THC (substance
active du chanvre) de 40%, alors que la valeur légale
est limitée à 0,3%. Inculpés de violation grave de la
loi fédérale sur les stupéfiants, les deux hommes étaient
en détention préventive.
Le producteur valaisan avait déjà cessé de salimenter
en 1996 pour protester contre des procédures judiciaires.
En 1999, il avait été condamné à seize mois de prison
ferme par un tribunal de Martigny. Le coup de filet
automnal de la police valaisanne étant intervenu au
moment même où la commission du Conseil des Etats donnait
son aval à une dépénalisation du cannabis, les disciples
de Bernard Rappaz ont dénoncé lacharnement incompréhensible
des magistrats alors que les politiques venaient de
lâcher du lest. «Ce hiatus a mobilisé une nouvelle coordination
internationale du chanvre, qui plaidera notre cause
sur le plan européen», explique lactiviste Boris
Ryser.
Moratoire présidentiel?
La société Valchanvre a alors lancé une pétition, organisé
ces dernières semaines des sit-ins qui nont reçu
que peu de soutien de la population valaisanne. Le 3
janvier, ils ont réclamé au président de la Confédération
un moratoire juridique pour tous les délits chanvriers
jusquà létablissement de la nouvelle réglementation.
Mais les débats du Parlement, qui nen sont quaux
prémisses, naccoucheront dune loi que dans
quelques années.
M. S......................................................................................
|

OCTOBRE 2001
Venez discuter avec Bernard
Rappaz dans notre chat. Il sera en ligne mardi
10 octobre 2001, de 18:00 à 19:00. digitalcafe.ch
Le
chanvre suisse, c'est un peu lui. L'agriculteur
valaisan en produit depuis trente ans, la justice
court après lui depuis dix ans. Avec la dépénalisation,
il voit l'avenir en rose.
...........................
> Claude
Ansermoz
|
Bernard
Rappaz, pionnier de la culture du chanvre en
Suisse.
|
Le *José Bové* du cannabis a
le sourire...
Quand le chat n'est pas là, les souris dansent.
Comme celles qui s'amusent à glisser sur les
stocks de chanvre de Bernard Rappaz, dans la
zone industrielle de Martigny. On est ici dans
le hangar de la discorde, celui d'une petite
PME nommée Valchanvre qui défraie la chronique
judiciaire valaisanne. Seize mois de prison
ferme pendant encore comme une épée de Damoclès
sur le maître des lieux, pour une vente illégale
de "coussins thérapeutiques".
Po urtant, la moustache en bataille, le José
Bové du cannabis a le sourire. Le Conseil fédéral
veut dépénaliser sa plante chérie. Il vous brandit
un journal jamaïcain qui fait sa une avec l'événement.
Les journalistes de TF1 sont repartis avec un
reportage pour le journal de treize heures.
Pour commencer l'interview, il éclate de rire
et allume... une cigarette: "Le joint?
Jamais le matin!"
> Avez-vous l'impression d'avoir participé
à la décision du Conseil fédéral de dépénaliser
le cannabis?
>> Certainement. Mais plus encore que
moi, ce sont les 850 000 consommateurs illégaux
de chanvre récréatif en Suisse qui obligent
nos autorités à s'adapter à la situation. Ce
sont eux qui en ont marre de la répression.
Avec la Coordination du chanvre, dont je suis
le vice-président, on était en train de mettre
la pression en souhaitant lancer une initiative
à la fin de l'année. Avec cette décision, le
Conseil fédéral est en sursis. On ne se méfie
jamais assez des politiciens: ce sont des girouettes
qui vont toujours dans le sens du vent dominant.
Les retards qu'ils prennent sont parfois impressionnants.
> Depuis une semaine, vous recevez quantité
de journalistes étrangers. Quelles sont leurs
réactions?
>> Elles sont positives. L'influence de
la Suisse dépasse largement son importance réelle.
Dès que j'ai commencé à cultiver professionnellement
du chanvre en 1993, je savais déjà que les Américains
ne viendraient pas déverser du napalm sur mes
champs. Ailleurs, j'aurais été en danger de
mort. On est considéré comme un état civilisé;
notre programme de distribution d'héroïne a
frappé le monde entier. D'autres pays veulent
suivre la voie qu'on a tracée. Avec la décision
du Conseil fédéral, les Américains prennent
peur, peur que l'Europe entière nous suive et
qu'ils doivent en faire de même, dans un avenir
proche.
> Vous considérez-vous comme un trafiquant?
>> Je me sentirais plus encore comme un
trafiquant si j'avais poursuivi mon métier de
base: vigneron. Mais j'ai découvert l'alcoolisme
après avoir fait mes études d'oenologie en France
et en Suisse. Je me suis alors rendu compte
que ma vie allait être dédiée à fabriquer le
produit qui devait tuer à petit feu le père
de ma copine. Je ne voulais pas du rôle de trafiquant
de drogue légale. J'ai quitté Saxon et ma famille.
Mon père était fou de rage, j'étais son fils
unique. Il a vendu les sept hectares de vigne
familiale. Je ne suis pas un dealer. Je connais
les effets à la fois du chanvre et de l'alcool.
Et je sais lequel des deux produits est dangereux.
> Avez-vous essayé les drogues dures?
>> Je me suis laissé tenter une fois,
en prison. J'avais un camarade de cellule cocaïnomane
et j'ai essayé. Cela ne m'a pas branché. J'ai
vu assez de gens accros pour ne pas avoir envie
de devenir un consommateur régulier.
> Votre premier contact avec le chanvre?
>> A 17 ans, je suis parti en auto-stop
à Amsterdam. J'ai dû attendre le troisième joint
pour que cela me fasse de l'effet. J'étais bien
trop nerveux lors des deux premiers. Ensuite,
j'ai pris une volée d'enfer. J'ai ramené mes
premiers 500 grammes provenant de toute la planète.
Ce sont ces variétés qui m'ont permis de faire
mes sélections, d'arriver avec des semences
qui reçoivent aujourd'hui des prix au niveau
international. Quand nous avons gagné le premier
prix au niveau suisse avec la "Walliser Queen",
les médias valaisans en ont fait leur une. Ils
n'ont pas été perturbés par le fait que c'était
du chanvre, ils ont juste vu qu'un régional
de l'étape était sorti premier au plan national.
> Comment en arrive-t-on à défendre une
substance illégale?
>> Je ne suis peut-être qu'un petit paysan,
mais je sais lire la loi suisse: la culture
du chanvre n'est interdite que pour la production
de stupéfiants. Cela a été dur de trouver un
avocat d'accord de partager mon point de vue.
Aujourd'hui, grâce à moi, tout le monde sait
que l'on peut cultiver du chanvre en Suisse.
Et c'est lui la véritable vedette. Ce qui nous
aide, c'est que six journalistes sur dix en
consomment et trouvent cette plante magnifique.
En découvrant son potentiel, l'agriculteur qui
est en moi ne pouvait que flasher. Même en dehors
de la fumette, les vertus du chanvre sont extraordinaires,
que ce soit aux niveaux alimentaire, cosmétique
ou technique. Avec le chanvre, on a réappris
aux gens à parler français. Il n'y avait que
les vieux Valaisans, ma première clientèle,
pour connaître cette plante. Les gens, aujourd'hui,
n'ont qu'haschich, marijuana, et cannabis à
la bouche. Mais l'aspect récréatif du chanvre
n'a jamais été ma priorité. Evidemment, comme
amoureux de la liberté d'essence anarchiste,
je ne pouvais bien sûr pas baisser les bras
devant l'interdiction de la fumette.
> Vous sentez-vous des similitudes avec
les cultivateurs de pavot d'Amérique du Sud?
>> J'ai rencontré le président des cultivateurs
andins de coca qui compte quelque 5000 membres.
La coca, là-bas, ne se résume pas à la cocaïne.
Ils en font des produits dérivés, comme nous
avec le chanvre. J'ai tout de suite adopté leur
dentifrice aux feuilles de coca. Il a soulagé
mes douleurs dentaires. Le problème, c'est que
les plus gros consommateurs de drogue du monde
- les Américains - veulent donner des leçons
à ces cultivateurs.
> Et ces seize mois fermes qui sont encore
pendants?
>> Nous avons fait recours au Tribunal
fédéral. La prison ne me fait pas peur. Dans
cette affaire, je me sens comme Jésus-Christ.
Si les juges me crucifient, j'ai envie de leur
dire: "Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils
font." Je ne suis pas suicidaire: j'ai toujours
su m'entourer des meilleurs avocats avant de
lancer un produit sur le marché. Juste avant
sa nomination au Conseil fédéral, j'ai demandé
à Pascal Couchepin de défendre mes intérêts.
Il m'a toujours soutenu. Et aujourd'hui, c'est
un de ses anciens associés qui a repris le dossier.
> Mais vous laisseriez votre fils conduire
après avoir fumé un joint?
>> Mon fils a fumé son premier joint à
22 ans. Un soir de foire en Allemagne, je l'ai
vu prendre le volant d'une Mercedes après une
fumette, alors qu'il n'avait même pas son permis
de conduire. Je dois reconnaître que cela m'a
inquiété. Mais dépénaliser le cannabis ne veut
pas dire que l'on pourra en consommer dans n'importe
quelle situation. C'est exactement comme pour
l'alcool: on ne conduit pas avec une bouteille
de whisky à la main. La vérité, c'est que je
fume au volant depuis plus de vingt ans et que
je n'ai jamais eu d'accident. Moi, j'aimerais
que l'on pousse le problème plus loin. Que l'on
fasse une étude sur des consommateurs réguliers
de chanvre en étudiant les impacts sur leur
santé. Je suis sûr que l'on constaterait qu'ils
consomment nettement moins de médicaments que
les autres. Ce qu'il faut, c'est une véritable
campagne d'information. Fumer du chanvre oui,
mais pas avec du tabac. Le danger: c'est de
devenir accro à la cigarette. L'industrie du
tabac n'a jamais voulu se lancer dans le chanvre
pour des questions morales. Maintenant qu'elle
a la réputation de trafiquants de drogue légale,
elle devrait avoir moins de scrupules. D'ailleurs,
elle a déjà déposé des marques comme marijuana
ou cannabis.
> Pour vous, le chanvre est une plante
typiquement valaisanne qu'on avait oubliée avec
le temps?
>> C'est certain. Pour rallier les milieux
d'extrême droite valaisans à notre cause, il
suffit par exemple de rappeler que ce canton
ne serait jamais fait sans le chanvre et que
ce sont les Américains qui veulent le prohiber.
En 1970, j'ai traversé Evolène avec une équipe
de copains le shilom au bec. Un vieux du village,
interloqué a tiré sur la pipe et nous a dit:
"Ah! vous fumez du chanvre, comme à notre époque.
Maintenant, ils nous disent que c'est de la
drogue." Ma grand-mère, elle, mettait une ficelle
de chanvre autour de sa taille pour soulager
son mal de dos. J'ai offert à un haut fonctionnaire
de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG)
un gilet en chanvre qu'il ne quitte plus pour
éviter les lumbagos. C'est une plante médicinale
que l'on refuse d'étudier. On refuse ses vertus
sur la santé.
> Le chanvre est un gros business. Vous
avez doublé votre chiffre d'affaires tous les
six mois. Cette dépénalisation, c'est le début
d'une guerre des chiffres entre producteurs?
>> Non, il y a de la place pour tous.
Vos chiffres étaient valables, il y a deux ans.
La chance de la Suisse ne réside pas dans la
culture massive de chanvre, à l'image de ce
qui se fait en France ou aux Pays-Bas. Chez
nos voisins, on cultive du chanvre sur 20 000
hectares pour en faire du papier à cigarettes
ou de la nourriture pour les oiseaux. Nous devons
apprendre à faire mieux que cela, à sélectionner
les meilleures variétés pour faire de la qualité,
comme ont su le faire les Turcs depuis des années.
On exporte déjà nos huiles essentielles dans
le monde entier. On pourrait planter 2000 hectares
rien qu'en vue de ses effets thérapeutiques.
Quant à sa consommation récréative, ce sont
5000 hectares importés qui sont fumés chaque
année. Nous pourrions par exemple produire 1000
à 1500 hectares rien que pour compenser le surplus
du secteur vitivinicole qui écoule énormément
de vin de basse catégorie, celle de la troisième
zone viticole. Pour cette zone, les revenus
des propriétaires seraient bien meilleurs avec
du chanvre.
> Voulez-vous aller jusqu'à la légalisation
du cannabis?
>> Non, pas forcément. Je me méfie du
mot légalisation. Le bon citoyen suisse veut
réguler, contrôler, réglementer. Au début du
siècle, le débat se focalisait sur l'interdiction
de l'alcool. Entre l'alcoolisme et les produits
frelatés, les morts se comptaient par milliers.
Le Conseil fédéral a fini par réglementer ce
marché en créant la Régie fédérale qui contrôle
le tout, du commerce à la taxation, en passant
par la qualité. Moi, je suis un arboriculteur
bio: je produis de l'abricotine, de l'eau de
poires william, de l'alcool de pêche. Pour chaque
bouteille que je vends, je subis un contrôle
de la police des alcools. Avec la chute des
consommateurs d'alcool, la régie est un peu
en perte de vitesse. Elle a même contacté la
Coordination suisse du chanvre pour compenser
la baisse de ses rentrées fiscales par le nouveau
marché des drogues, y compris le cannabis. Ce
sont certainement ses inspecteurs qui sont les
mieux équipés pour faire ce travail. Thomas
Zeltner, le directeur de l'Office fédéral de
la santé publique (OFSP), a déjà anticipé la
décision du Conseil fédéral en définissant la
réglementation de la distribution, du contrôle
de la production en passant par les règles d'exportation.
> Vous avez souvent utilisé la carte
de la provocation pour faire avancer votre cause,
une nécessité.
>> Je suis un pionnier dans l'âme. Dès
les années septante, j'ai voulu rendre ma ferme
autonome au niveau énergétique. J'ai donc installé
une éolienne et des capteurs solaires. En 1973,
alors que la crise pétrolière battait son plein,
que les premiers dimanches sans voiture arrivaient
dans notre pays, le Conseil d'Etat valaisan
m'a interdit de mettre une éolienne. Cela ne
faisait pas beau dans le paysage. Oui, Je suis
un Valaisan qui refuse de baisser la tête. Oui,
j'ai toujours dû me battre contre les autorités
pour faire passer mes idées. Quand j'ai commencé
l'agriculture biologique dans ce canton, j'ai
été plus critiqué que n'importe quel assassin.
Même ma famille et mes amis agriculteurs étaient
sur mon dos. Ces réactions m'ont toujours stimulé,
parce que je ne m'engage jamais dans des combats
individuels. J'ai commencé seul, mais il y a
aujourd'hui 250 agriculteurs bios en Valais.
Je suis un dinosaure reconnu de son vivant.
D'habitude, dans ce pays, seuls les morts ont
voix au chapitre. Un peu comme Farinet.
> Vous considérez-vous en quelque sorte
comme le José Bové du chanvre?
>> J'étais un syndicaliste agricole bien
avant José Bové. J'étais vice-président de l'Union
des producteurs suisses et Fernand Cuche était
mon secrétaire. Si je veux fumer un joint demain
avec José Bové, je prendrai rendez-vous avec
lui par l'entremise de Fernand Cuche. Les journalistes
français trouvent que j'ai la même dialectique
que lui. Mais, si Bové devait défendre le chanvre
aujourd'hui, il traînerait cette cause comme
une casserole. J'aime le travail qu'il fait,
même si je privilégie la voie non violente.
J'ai eu une éducation antimilitariste, et mon
père était un communiste anticlérical. L'éducation,
c'est important. Mon grand-père a déversé un
camion de choux-fleurs sur la place Fédérale
pour manifester son mécontentement; mon père
a été condamné pour incitation à émeute. Je
suis de tous les combats. On a empêché Hydrorhône
de voir le jour, on a réussi à rendre plus écologique
le projet d'autoroute Martigny-Brigue. Je suis
aussi le fondateur du WVF Valais. Dans ce canton,
une telle attitude est suicidaire.
> Et vous restez en Valais?
>> J'adore ce canton, sa nature et ses
montagnes. Je me sens Valaisan et mes amis sont
ici. J'ai connu la prison dans cette région,
mais elle ne me fait pas peur. Il fallait bien
cela pour débuter l'aventure du chanvre. Et
puis, on ne m'a pas toujours poursuivi pour
ces cultures. Depuis le début des années septante,
j'en ai cultivé pendant vingt ans en petite
quantité sans aucun problème. En 1984, des policiers
de Martigny sont même venus me ramener de la
marchandise que m'avaient volée des ouvriers
portugais. C'est en 1992 que tout a basculé,
quand un juge valaisan a décidé de détruire
ma culture. Mais tout cela s'est fait de façon
si maladroite. Un juge instructeur qui joue
les cow-boys avec moi, cela ne fait que me stimuler.
> Mais, quand vous avez été condamné
pour la vente de coussins "thérapeutiques",
vous croyiez vraiment à leurs vertus médicinales?
>> Je vous donne l'adresse de mon ancienne
secrétaire qui n'a jamais fumé un joint de sa
vie. Elle a acheté un coussin parce qu'elle
est asthmatique. Le juge le lui a même rendu.
Mais le fait est que, en tant que citoyen, on
ne peut pas subir des lois hypocrites sans essayer
de les détourner. Toute cette affaire a fait
rire la Suisse. Et l'humour est notre plus grande
arme. La caravane est lancée, et même si quelques
chiens continuent d'aboyer, on ne pourra plus
l'arrêter. Quand on pense que notre société
a réussi à intégrer les deux drogues dures que
sont l'alcool et le tabac qui font 12 000 morts
en Suisse chaque année! Aujourd'hui, tout le
monde est d'accord avec le fait qu'il serait
complètement stupide de les interdire. Il y
a trois ans, lors de la grève du tabac en Italie,
le paquet de cigarettes se vendait aux enchères
200 francs. Ceux qui profitent du marché noir,
ce sont les groupes mafieux. En Allemagne, on
infligeait la peine de mort aux fumeurs de tabac.
La répression est inutile. On sait que cela
tue, mais on sait aussi que cela rapporte. Une
société adulte et responsable doit pouvoir faire
la même chose avec le joint. La prohibition
vient tout droit des Etats-Unis. Pourtant, sans
le chanvre, il n'y aurait pas eu de voiles et
de lampes à huile sur les navires de Christophe
Colomb, lors de sa quête des Amériques. Les
premiers paysans américains avaient l'obligation
de cultiver dix pour cent de leurs champs avec
du chanvre. Certainement que le premier drapeau
étoilé et que la première Constitution américaine
étaient en chanvre. Pourquoi diaboliser cette
plante? Parce que des intérêts économiques sont
en jeu. L'industrie du papier est aux mains
des médias américains, alors que l'on sait que
le chanvre produit cinq fois plus de cellulose
que le bois des forêts. Les industries du coton,
des textiles et du pétrole ne voulaient pas
non plus du chanvre. Elles ont diabolisé le
chanvre en prétendant que les hommes noirs violaient
les femmes blanches après avoir fumé de la marijuana.
Pourtant, c'est une alternative écologique.
> Quelle est pour vous la définition
d'une drogue douce?
>> L'homme est accro aux alcaloïdes, soit
la cocaïne, l'héroïne, l'alcool et le tabac.
Ce n'est pas le cas du chanvre. En prison, ce
qui me manquait, ce n'était pas le cannabis,
mais le tabac. Il n'y a pas d'accoutumance physique
au chanvre et à ses dérivés. Je ne dis pas qu'il
n'y a aucune dépendance psychique ni qu'il s'agit
d'un produit complètement innocent. J'ai vu
des journalistes dormir à deux cents mètres
de ma ferme après avoir fumé un joint concluant
une interview. Même si on déconseille cette
substance au volant, les études anglaises ou
australiennes démontrent que fumer un joint
peut calmer avant de conduire. Vous savez, il
suffit de manger une salade et une crème budwig
et boire une bière assaisonnée à l'huile de
chanvre pour être positif au contrôle THC. Ce
qui m'a donné envie de continuer la culture
du chanvre, c'est aussi mon séjour en prison.
On enferme des jeunes pour des petits délits
liés au trafic de haschich. Ils rentrent en
tant que fumeurs de chanvre et en ressortent
héroïnomanes. Parce qu'on les contrôle régulièrement
et que le cannabis reste dans les urines pendant
trois semaines. Ce n'est pas le cas avec l'héroïne.
On trouve de tout dans une prison. Comment voulez-vous
parler de prohibition dans une société, alors
que cela ne fonctionne même pas dans une prison.
J'ai vu des jeunes de Sion venir se fournir
en héroïne au pénitencier cantonal.
> Que dites-vous à ceux qui vous servent
le discours du passage des drogues douces aux
drogues dures?
>> Cela fait quinze ans que l'Office de
la santé publique mène une politique d'information
pour expliquer que c'est faux. Si vous discutez
avec un héroïnomane, il vous expliquera que
c'est l'alcool et le tabac qui l'ont amené à
l'héroïne. C'est le marché noir qui pourrit
tout. Quand un jeune ne trouve pas de haschich,
on lui propose de l'héroïne, et c'est là que
l'escalade commence. Les dealers gagnent plus
avec les drogues dures. Cette théorie est aussi
bonne que celle qui dit que le fait de boire
du lait maternel conduit à l'alcoolisme.
> Pourtant, même les Pays-Bas ont décidé
de durcir leur législation.
>> Les Hollandais sont coincés dans l'Europe.
Ils sont contents de leur politique, mais subissent
la pression de leurs partenaires de l'UE. Il
y a trois ans, la production de chanvre en Hollande
avait dépassé celle de la tomate et arrivait
en troisième position des cultures indigènes,
juste derrière le lait et les fleurs.
Trajectoire
> 1953
>> Naissance le 18 février à Saxon "où
les trains s'arrêtent et les idées passent.
C'est une terre de révoltes paysannes."
> 1965
>> Le petit écolier valaisan lit des lectures
antimilitaristes et rencontre à Sion "l'abbé
Lugon pour lui faire part de son désir d'objection
de conscience". Six ans plus tard, il sera réformé
à cause de ses pieds plats.
> 1968
>> Pendant Mai 68, il fait ses études
d'oenologie à Montagibert et en France, à Beaunes.
> 1970
>> Premier voyage à Amsterdam et premières
fumettes.
> 1992
>> Un juge d'instruction valaisan ordonne
la destruction de son champ de chanvre. Il fait
sa première semaine en prison.
> 1997
>> Début de l'affaire des "coussins à
fumer", des oreillers thérapeutiques dont certains
consommateurs fument le contenu.
> 2000
>> Il songe enfin à se marier. Il recourt
contre la décision du Tribunal cantonal valaisan
de le condamner à seize mois de prison ferme
et 20 000 francs d'amende pour trafic de stupéfiants.
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Vendredi 18 janvier 2002 17h46
Le bras de fer continue
entre Rappaz et la justice valaisanne
(18/01/2002) CHANTAL
SAVIOZ

Bernard Rappaz reste en détention préventive. Le juge d’instruction
du Bas-Valais, Philippe Médico, vient de rejeter une nouvelle
demande de libération, estimant que plusieurs personnes devaient
encore être interrogées et que les risques de collusion demeuraient.
L’avocat de Rappaz a fait recours hier au Tribunal cantonal
valaisan.
Le chanvrier, inculpé pour violation grave
de la Loi fédérale sur les stupéfiants, est toujours détenu
au centre carcéral de l’Hôpital cantonal de Genève. Arrêté
le 20 novembre dernier, il entame aujourd’hui sa soixante-huitième
journée de grève de la faim, et semble plus déterminé que
jamais à poursuivre son action, si l’on en croit sa compagne
Sabine Lord Zysset. "Il a perdu plus de vingt kilos, et est
très affaibli, mais il conserve un moral d’acier", a précisé
la jeune femme, hier, à la sortie de sa quatrième visite au
prévenu. "Le médecin m’a avertie que son état de santé peut
devenir inquiétant. Il a à sa disposition du glucose en cas
de perte de connaissance."
Le chanvrier ne consommerait que de l’eau
minérale sans additifs, toujours selon sa compagne. Il se
déplacerait avec une canne et aurait signé une décharge, refusant
toute perfusion. Si la justice valaisanne, ne souhaite apporter
aucun commentaire, à l’extérieur, les disciples du cannabis
se mobilisent. Une manifestation de soutien aura lieu samedi
à Genève, place Neuve.
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Un martyr inutile
Il le dit lui-même: l’homme est têtu comme un
mulet...
> Daniel Pillard
Il le dit lui-même: l’homme est têtu comme un mulet. Voilà
69 jours, ce dimanche, que le chanvrier valaisan Bernard Rappaz
fait la grève de la faim pour protester contre son arrestation,
le 14 novembre dernier. En 1981, Bobby Sands, le célèbre activiste
de l’IRA, est mort à l’aube de son 65e jour de jeûne.
Rappaz va-t-il se laisser mourir? Dans les dernières lettres
adressées à son entourage, il martèle sa détermination. Ses
proches sont convaincus qu’il ira jusqu’au bout.
Voilà vingt-cinq ans que cet ancien vigneron devenu chantre
de la libéralisation du chanvre multiplie les provocations.
Sourire en coin et pétard aux lèvres, il jure ne cultiver
le cannabis qu’à des fins thérapeutiques. Il y a longtemps
que plus personne ne le croit. En mai 1999, la justice valaisanne
l’a déjà condamné à seize mois de prison ferme pour avoir
vendu des centaines de coussins bourrés de marijuana.
Bernard Rappaz n’est pas un gentil baba cool. Au fil des
années, le cultivateur valaisan est devenu le plus gros fournisseur
de cannabis de Suisse. En 2000, sa PME du chanvre réalisait
un million de chiffre d’affaires. En vendant fleurs, huile
et plaques de haschich par tonnes, alors que la libéralisation
de cette drogue légère n’est pas encore effective dans notre
pays, il s’est placé dans l’illégalité. Ses dénégations n’y
changent rien.
Reste qu’il ne mérite pas d’être traité comme un dangereux
délinquant. Rien ne justifie que sa mise au secret – plus
de deux mois déjà – se prolonge. Au nom de la proportionnalité
de la peine, Bernard Rappaz devrait être libéré en attendant
son jugement. Ne serait-ce que pour le protéger contre lui-même.
Le rôle de l’Etat est de rendre justice, pas de se venger.
La cause de la libéralisation du cannabis n’a pas besoin
d’un martyr.
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Jusqu’à la mort?
La mise au secret du chanvrier a battu les records.
Dans une lettre datée du 12 janvier,
il dit vouloir continuer son jeûne. 
Ses proches témoignent.
> Claude
Ansermoz
> Paolo Mariani
En entrant dans ce qui fut le temple du chanvre valaisan,
on comprend que l’affaire ne finira pas forcément bien. L’affaire?
C’est celle de Bernard Rappaz, le Zorro du chanvre valaisan
qui attaque aujourd’hui son 69e jour de grève de la faim,
enfermé à titre préventif dans le quartier carcéral de l’Hôpital
cantonal de Genève. Le cavalier noir avait su galoper entre
les lassos de la justice. L’agriculteur, déjà sous le coup
d’une condamnation ferme de seize mois en attente d’exécution,
n’a pas eu cette chance. En novembre dernier, la police valaisanne
l’a arrêté, après avoir saisi, entre autres, 50 tonnes de
chanvre, et découvert un laboratoire clandestin dans son dépôt
de Charrat (VS). Le jugement, selon son avocat Me Aba Neeman,
aura lieu ce jeudi dès 10 h 30 au Tribunal cantonal de Sion.
Cette histoire a aussi ses «Bernardo». Le rôle du «sourd-muet»
est ici tenu par la justice. Ni Philippe Medico, le juge d’instruction
en charge du dossier, ni Dominique Bertrand, le médecin responsable
de l’unité carcérale, ne pipent mot. Pour connaître l’état
de santé de Bernard Rappaz, il faut s’adresser à ses fidèles.
Quitte à enregistrer leurs témoignages avec des pincettes.
Dans l’immense hangar martignérain de Valchanvre, le chiffre
d’affaires qui avoisinait le million en 2000 est tombé à zéro.
Les coupes à la gloire internationale des semences autochtones
trônent encore sur les étagères. «Voilà ce qui reste de notre
société», admet Sabine Lord, la compagne de Rappaz, «nous
avons déjà licencié deux personnes. Les comptes ayant été
saisis, je règle les salaires avec mon argent privé. Les médecins
sont inquiets. Ils lui ont même proposé de le nourrir en cachette,
sans avertir les médias. Mais il refuse d’être assisté avant
de tomber dans le coma. A force de ne s’abreuver que d’eau
et de tisanes de camomille, il ne lui reste que la peau sur
les eaux. Il faisait dans les 90 kilos, il n’en pèse plus
que 66. Quand je le vois, je dois m’asseoir pour supporter
sa maigreur.»
La liste des symptômes s’allongerait. «Il ne se déplace plus
qu’avec ses béquilles. Sa vue baisse et ses oreilles bourdonnent.
Ils ont dû lui arracher une dent qui se déchaussait. Les médecins
ont constaté les premiers signes de rachitisme, sur les côtes.
Mais ce qu’ils craignent le plus, c’est une insuffisance rénale
qui conduirait à un empoisonnement du sang. Cela peut arriver
d’un jour à l’autre.» Sabine a même loué une chaise roulante:
«A Sion, ils m’ont dit que je ne pourrai plus le voir s’il
ne peut pas se déplacer en toute autonomie. A Genève, c’est
un autre monde, ils sont plus tolérants.»
Maggy Lorétan a rejoint ce qu’elle considère comme «l’union
sacrée». L’ancienne femme de Rappaz, pourtant brouillée avec
lui depuis quelque temps, ne comprend pas cet acharnement.
«Je viens d’un village ruiné, Loèche. Et l’homme responsable
de cette faillite n’a passé que huit jours en préventive.»
Maggy donne donc un coup de main à Valchanvre et rend elle
aussi visite au père de sa fillette. «Il dégage de Bernard
une grande rage malgré sa faiblesse. Plus son corps s’use,
plus il paraît déterminé. Dans cette affaire, la balance de
la justice s’est cassée. On nous parle de mise au secret pour
risques de collusion. Dans le même temps, on me laisse le
voir et lui parler alors que je connais tous les amis et partenaires
de Bernard.»
Claude Rey, lui, ne rêve que de «retourner pêcher avec Bernard».
Cet associé de longue date, libéré après quelques jours préventive,
ne cache pas son inquiétude: «Certains parlent de situation
ridicule. Mais, après 69 jours de grève de la faim, ils ne
réalisent pas qu’un homme ne sera plus jamais le même. Je
me demande si la cause du chanvre en vaut la peine. Notre
rôle est-il de jouer les Gandhi?» «Mais il ne s’agit pas
de chanvre, rétorque Maggy, c’est une histoire d’injustice.»
Et Sabine de conclure: «Ils n’auront jamais Bernard derrière
les barreaux, ils n’auront que son cadavre.»
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BRAS DE FER
Bernard
Rappaz sauvé
demain?
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INQUIÉTUDE
Bernard Rappaz montre
des signes de carence importants, selon sa compagne,
Sabine Lord: "Lui qui faisait 90 kilos avant son incarcération,
il ne pèse aujourd’hui plus que 66 kilos."
En grève
de la faim depuis une septantaine de jours, le patron
de Valchanvre réclame la fin de sa détention préventive.
A la justice de trancher
Alexandre Bender
23 janvier 2002
"Bernard refuse
toujours de s’alimenter. Son médecin est inquiet, il
trouve qu’il va de plus en plus mal. Il peut tomber
dans le coma d’une minute à l’autre." Apparu le week-end
dernier sur la page d’accueil du site Internet de Valchanvre,
alors que Bernard Rappaz en était à son 70e jour de
grève de la faim, le message est censé flanquer la frousse.
Demain matin, la justice valaisanne statuera sur une
nouvelle requête de mise en liberté du chanvrier, lequel
s’est juré de sortir ou de mourir.
Que lui
reproche la justice?
Le chanvrier est inculpé de violation grave
à la loi fédérale sur les stupéfiants. Des perquisitions
opérées fin 2001 dans la région de Martigny ont permis
de découvrir quelque 50 tonnes de chanvre ainsi qu’un
laboratoire clandestin. Les analyses des produits séquestrés
ont révélé une teneur en THC (principe actif du chanvre)
variant entre 7,2% et 40%. Soit bien plus que les 0,3%
tolérés.
Quelle
est sa ligne de défense?
Dans le fond, Bernard Rappaz soutient que son
activité relève de la commercialisation de produits
parfaitement légaux: "Litière végétale naturelle biodégradable
pour chat, spaghettis aux tourteaux de chanvre bio,
parfums Cannabis, huiles essentielles au chanvre, bière,
vin au chanvre, shampooing gel douche CannaBody, etc.
Par ailleurs, une partie de sa production de chanvre
était réservée à un usage strictement thérapeutique.
Sa vie
est-elle en danger?
Enfermé à titre préventif dans le quartier
carcéral de l’Hôpital cantonal de Genève, Bernard Rappaz
refuse toute perfusion. Selon ses proches, il montre
des signes de carence importants. Plus les jours passent,
plus l’apparition de séquelles irréversibles guette.
"Lui qui faisait 90 kilos avant son incarcération, il
ne pèse aujourd’hui plus que 66 kilos", souligne sa
compagne, Sabine Lord. De son côté, Me Aba Neeman estime
que son client est désormais en "danger de mort".
Sera-t-il
libéré demain?
Eu égard aux risques de collusion, le juge
d’instruction Philippe Medico estime que Bernard Rappaz
doit rester en détention préventive. Pour Me Neeman
ce risque est au contraire inexistant à ce stade avancé
de l’enquête. Demain matin, la justice tranchera. Dans
le meilleur des cas, le chanvrier sera libéré. Mais
pas pour longtemps. Il lui reste en effet à purger 16
mois ferme pour une précédente affaire, celle des coussins
thérapeutiques à haute teneur en THC et vendus 1000
francs pièce.
Le Matin / Edipresse online
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mardi
22 janvier 2002 |
Le chanvrier Bernard Rappaz met sa vie dans la balance
Eric Felley
Mardi 22 janvier 2002
Chaque jour qui passe accentue la tension autour de la grève
de la fin de Bernard Rappaz, arrêté le 15 novembre dernier.
Le chanvrier valaisan en est, aujourd'hui, à son 70e
jour de grève de la faim et, comme le relèvent ses proches,
il commence à montrer des carences importantes. D'une
corpulence appréciable, 90 kilos, il avait certes de
la marge, mais aujourd'hui elle a fondu, il ne pèse
plus que 66 kilos.
Bernard Rappaz a déjà demandé par trois fois, en vain,
sa mise en liberté. Jeudi, la chambre pénale du Tribunal
cantonal, présidée dorénavant par le juge Jacques Bethousoz,
statuera sur une quatrième demande. De toute évidence,
les reproches de la justice valaisanne envers le chanvrier
concernent l'ambiguïté de son commerce, notamment au
travers la société Valchanvre, entre ce qui relève de
la commercialisation des produits légaux et de la vente
parallèle à une échelle importante de produits à usage
stupéfiant.
Sur ce dossier, les autorités valaisannes restent sur
la défensive. Le conseiller d'Etat Jean-René Fournier
en charge de la sécurité et des institutions déclarait
dans dimanche.ch, qu'il n'a pas à intervenir étant donné
la séparation entre l'exécutif et le judiciaire. Au
Tribunal cantonal, la présidente, Françoise Balmer-Fitoussi,
n'entend pas s'exprimer davantage si ce n'est pour dire
que la procédure pénale est respectée: «Il y a dans
cette affaire un traitement tout à fait conforme à la
procédure pénale, quant au fond, je ne suis pas habilitée
à répondre .»
Le cas Rappaz trouve toutefois des échos à l'extérieur
du canton où une chaîne du jeûne a été organisée par
la Fédération des consommateurs de cannabis. Son présidentm,
Boris Gyser, demande cependant à Bernard Rappaz d'arrêter
son jeûne: «Il ne doit pas y avoir de martyr du chanvre.
Tous les pays sont en train de dépénaliser le cannabis,
mais aussi de vivre une période d'attente des nouveaux
textes de loi. Les anciennes lois encore en vigueur
créent une période de trouble socio-juridique qui permet
aux magistrats prohibitionnistes d'exprimer leur désaccord
politique personnel.»
Quant au risque de collusion avancé par le juge, l'avocat
Me Aba Neeman le conteste: «Il y aurait des soupçons
de blanchiment d'argent auprès du Credit Suisse. Mais
je ne pense pas que si Rappaz sort il puisse influencer
les responsables de la banque. Aujourd'hui les quantités
sont là, Rappaz ne peut plus rien y changer. Il demande
simplement de pouvoir sortir quelques semaines pour
se refaire une santé et aller ensuite purger sa peine.»
Car s'il sort de la préventive c'est pour mieux rentrer
en prison. Il doit purger 16 mois ferme pour l'affaire
des coussins au chanvre de 1996.
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Une manifestation
de soutien
a eu lieu
samedi
19 Janv.
à Genève.
15 janvier à Paris
centre Helvétique

Avril 2007
155 867
pages lues sur ce site
depuis: 14/11/2001 

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