Dialogue au parlement

Le monde politique suisse va dépénaliser le cannabis.......

mais le monde juridique, lui renforce la répression POURQUOI?

Chiffelle Pierre interpelle ......................................................................... Dreifuss Ruth, conseillère fédérale

le monde juridique renforce la répression POURQUOI?

Chiffelle Pierre (S, VD):

Permettez-moi tout d'abord de préciser un détail qui a néanmoins son importance et qui explique que nous ne nous opposions pas à ce postulat. Mme Simoneschi a déposé sa motion dans un texte allemand où figurent notamment les termes "den Missbrauch im Bereiche des gewerblichen Cannabisanbaus". Or, dans la traduction française de cette motion rédigée par les Services du Parlement figure une erreur puisque l'on parle d'empêcher "le commerce de cannabis", et non pas "les abus dans le commerce de cannabis". C'est justement pour ce détail que nous n'allons pas nous opposer à ce postulat. Cela précisé, je vais tout de même vous expliquer les raisons pour lesquelles nous ne nous opposons pas à ce postulat. Si cette lutte contre les abus est comprise par la majorité de ce Parlement, de la manière dont elle interprète les abus, notamment dans le domaine des licenciements, dans le domaine de la fixation des loyers ou dans le domaine du commerce des armes, eh bien je crois que nous allons trouver un terrain d'entente, parce que c'est dire que l'on admet alors une pratique très libérale ou une notion extrêmement restrictive des abus. Par ailleurs, Mme Vermot l'a déjà dit, nous sommes tous d'accord pour que, une fois autorisée, la vente de cannabis ne se fasse pas n'importe comment. Dans ce sens-là, il nous paraît effectivement important de fixer un certain nombre de critères. Il ne faut pas se leurrer: l'interdiction telle qu'elle est pratiquée de facto aujourd'hui aboutit à des problèmes pratiques insolubles et cause finalement plus de dégâts qu'elle ne résout de problèmes. Il est à cet égard, je crois, extrêmement intéressant d'examiner la constatation selon laquelle la pratique de la politique diverge chaque fois de celle de la police et des autorités judiciaires. Qu'a-t-on constaté avant les votations sur les initiatives populaires "Droleg" et "Jeunesse sans drogue"? Pas un certain laxisme, mais disons une certaine souplesse des autorités judiciaires et policières, en particulier en Suisse romande. A peine ces deux versions extrêmement divergentes de la politique de la drogue avaient-elles été réglées par le peuple que les polices et les tribunaux de Suisse romande pour la plupart des cantons romands ont commencé à se montrer extrêmement restrictifs, alors que justement les milieux politiques avançaient, dans le cadre des réflexions concernant la révision de la loi fédérale sur les stupéfiants, vers une libéralisation du cannabis. On se trouve dès lors actuellement dans une situation absurde: la presse annonce haut et fort que le Conseil fédéral se prononce en faveur d'une libéralisation de la consommation de cannabis et, d'un autre côté - c'est en tout cas le cas dans mon canton, mais c'est aussi le cas dans le canton de Fribourg et dans le canton du Valais, pour ne citer que des exemples géographiquement proches - on assiste à une sorte de répression hystérique de la part des autorités judiciaires et policière, ce qui fait que la jeunesse, avec laquelle on aimerait mener une politique de prévention, d'explication et de dialogue, ne comprend alors cette fois véritablement plus rien. Madame la Conseillère fédérale, vous déclarez vous-même, à l'occasion de la présentation du message sur la loi fédérale sur les stupéfiants: "Mais pour le moment, ça reste interdit, alors c'est normal de réprimer", et la police en déduit une autorisation de comportement qui est tout, sauf faite de souplesse et d'intelligence, et on aboutit à une situation qui est véritablement gênante. Je crois que tout le monde sera d'accord ici, et probablement même Mme Simoneschi, pour dire qu'il vaut mieux avoir un système à la hollandaise où, par exemple, aucun commerce n'est autorisé à détenir plus de 500 grammes de chanvre pour éviter une commercialisation massive, où le même commerce n'est pas autorisé à faire de la vente à des mineurs, et puis on sait où ça se passe, on sait quel est le type de produit qui est vendu. Tout ça finalement ne pose guère de problème. Alors que la situation qui est créée par cette "discrépance", pour utiliser un germanisme, qui existe entre les visions politiques prospectives et la pratique policière et judiciaire actuelle, est véritablement ridicule, car on réprime plus fortement un comportement qu'on s'apprête par ailleurs à dépénaliser. Alors, j'aimerais que vous éclairiez un peu notre lanterne, Madame la Conseillère fédérale, à ce propos, pour que tous ensemble nous essayions de trouver un modus vivendi praticable. Parce que même si on est contre, et farouchement contre, la libéralisation du cannabis, on ne pourra rien changer au fait qu'il existe dans ce pays 600 000 personnes - c'est presque 10 pour cent de la population - qui en consomment plus ou moins régulièrement. Vous n'allez pas et vous ne pourrez pas les pourchasser. De telle sorte que si vous ne réglez pas précisément la culture et le commerce de ce type de plante, on va aller vers une anarchie qui aboutit justement au phénomène que Mme Simoneschi dénonçait tout à l'heure, c'est-à-dire que toute une série de petits dealers incontrôlés se mettent à vendre en pleine rue du cannabis et des choses vraiment dangereuses et bien plus dangereuses que ça, sans que l'on sache du tout où cela se passe. Voilà ce qui m'amène à vous prier de bien vouloir nous donner des éclaircissements, si possible aussi à l'usage des autorités de police et judiciaires qui doivent, dans cette période de transition, appliquer une loi dont tout le monde pense ou sait qu'elle va être modifiée de manière assez fondamentale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chiffelle Pierre (S, VD):

Madame la Conseillère fédérale,

 

vous avez vous-même dit tout à l'heure que vous ne vouliez pas d'une politique en zigzag. C'est d'ailleurs le motif pour lequel vous n'avez pas procédé aux révisions qui vous étaient proposées notamment par l'Office fédéral de la santé publique. Nous sommes tout à fait d'accord avec ça. Il n'en demeure pas moins que j'aimerais quand même avoir une position de votre part; c'est-à-dire que justement les autorités policières et judiciaires, depuis cette décision, elles, mènent une politique en zigzag, puisqu'elles sont devenues beaucoup plus répressives depuis ce moment-là, créant l'insécurité à laquelle je faisais allusion.

 

Ne serait-il quand même pas de bon aloi - sans du tout qu'il soit question de préjuger ici de la dépénalisation éventuelle future de la consommation de cannabis - au moins de donner un signe en disant: "Montrez-vous répressifs comme vous vous montriez répressifs avant, c'est-à-dire avec une certaine souplesse, sans véritablement chercher à tout prix les cas d'intervention; mais ne vous montrez pas plus répressifs, sous prétexte que nous sommes en train d'aller vers une dépénalisation." C'est ça le problème pratique qui se pose aujourd'hui à des tas de gens.

Je souhaiterais savoir quelle est votre opinion sur ce zigzag qui est celui justement des autorités policières et judiciaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dreifuss Ruth, conseillère fédérale:

Il y aurait beaucoup de choses à dire. Je crois qu'on ne va pas mener maintenant un débat général sur la politique en matière de drogue, en particulier sur le cannabis. Je vous promets que vous aurez bientôt l'occasion d'en débattre, puisque nous vous soumettrons au printemps prochain une révision de la loi sur les stupéfiants. Alors faites peut-être un tout petit peu preuve de patience, et puis vous verrez, la discussion sera passionnante ici. Tous les avis pourront être exprimés, et nous arriverons, j'en suis sûre, à une de ces solutions sages, du juste milieu, pragmatiques, peu empreintes d'idéologie qui vise à aider la jeunesse de ce pays à être plus forte face aux différentes difficultés de l'existence. Je suis très optimiste sur ce plan-là. Ne m'en voulez donc pas si je n'entre pas en matière sur toutes les excellentes choses - elles le sont toutes - qui ont été dites à la tribune.

Rendez-vous l'année prochaine, avec la discussion sur la loi sur les stupéfiants! Je me contente donc de répondre principalement aux questions qui ont été soulevées par l'auteur de la motion et à une remarque de M. Wasserfallen. Mme Simoneschi demande pourquoi nous ne faisons pas maintenant une ordonnance pour appliquer la loi telle qu'elle est, pourquoi nous ne prenons pas aujourd'hui des mesures, au niveau national, plus contraignantes pour les polices cantonales, alors qu'il y a un déficit d'application de la loi telle qu'elle est. Je crois que là, on est tous d'accord; il y a déficit ou différence entre la lettre de la loi et la réalité sur le terrain, dans les différentes régions du pays. La loi est difficile à appliquer de toute façon, parce qu'il y a cette double nature du chanvre: d'une part, c'est un produit industriel que l'on souhaite encourager pour le plus grand bien de l'équilibre des agricultures et des exploitations et des fermes et, d'un autre côté, c'est une culture pouvant mener à la consommation de stupéfiant. Encore faut-il distinguer des nuances particulières selon la saison et selon la qualité du produit. Nous avons renoncé à prendre ces mesures administratives, et je peux vous assurer, Madame, que nous n'avons pas pris cette décision à la légère. Nous en avons discuté plusieurs fois au Conseil fédéral, pour deux raisons essentiellement: Premièrement, c'est par respect du fédéralisme. Ce sont les cantons qui sont compétents, et ce n'est pas le seul domaine où la sévérité varie d'une partie à l'autre du pays. Par exemple, le fait de ne pas porter la ceinture de sécurité n'est pas poursuivi tout à fait avec la même rigueur dans tous les cantons. Deuxièmement, et cela a de l'importance, nous ne voulons pas, dans ce domaine, une démarche en zigzag. Nous voulons pouvoir dire clairement: "Voilà la loi actuelle - et nous ne voulons ni péjorer ni modifier la pratique - et voilà la voie future." Vous avez raison et nous sommes conscients qu'il y a des différences d'appréciation et de procédure dans les cantons. Certaines ne correspondent vraisemblablement plus tout à fait à la loi sur les stupéfiants. Mais pourquoi, par exemple, introduire aujourd'hui une situation où, de Berne, on imposerait soudain une toute autre pratique alors que, finalement, dans les cantons, la pratique correspond certainement à une sensibilité locale? Les policiers qui, dans un canton, interviennent ou n'interviennent pas n'ont pas de conflits majeurs avec la population. Ils agissent en harmonie avec la philosophie générale ou la mentalité de ce canton. Mais pour répondre très clairement à la première de vos questions, j'ajoute qu'à la base de la nouvelle loi, il y aura la nécessité de définir et de distinguer entre le chanvre industriel et le chanvre à consommation de stupéfiant. Nous serons alors amenés, plus qu'avec la loi actuelle qui est trop simple car elle interdit tout, à réglementer plus nettement les choses. A votre première question, je réponds qu'aujourd'hui, non, on peut s'arranger avec la réalité et que demain, il faudra définir les choses. Et là, je réponds à M. Wasserfallen que cette notion d'opportunité n'est certainement pas la bonne. Aujourd'hui déjà, dans la loi sur les stupéfiants, nous avons un principe d'opportunité de l'application de la peine, dans la mesure où le juge peut y renoncer au profit d'autres mesures. Ici, il ne s'agit pas de principes d'opportunité, il s'agit davantage de la libération de l'obligation de poursuivre pénalement tous les actes liés à la consommation de drogue. Cela correspond déjà à la pratique actuelle, et nous voulons y mettre de l'ordre. Nous voulons l'établir sur des règles plus claires qui comporteront des dispositions, certainement, sur la culture et sur la commercialisation du chanvre. La deuxième question que vous avez posée, Madame Simoneschi, concerne la protection de la jeunesse. C'est certain que nous voulons la protéger mieux qu'à l'heure actuelle. Nous voulons la protéger de différentes façons qui en partie sont encore à l'étude, dans le cadre des discussions sur la loi. La première question que nous nous posons d'abord est: la consommation devra-t-elle être interdite aux jeunes ou non? Nous butons là sur une difficulté, parce qu'il est difficile d'imaginer que l'on ne punisse pas des adultes, mais qu'on punisse des mineurs. Nous risquons de retomber dans une drôle de notion de droit, n'est-ce pas? Le principe en serait: plus on est responsable, moins on est puni. Nous avons là un problème. Nous garderons peut-être cette piste que nous examinons; celle d'annoncer aux institutions psychologiques ou sociales, plutôt que de recourir à une peine. Les jeunes seraient ainsi plus entourés. Ou alors, nous renonçons à la punissabilité, à cause de la contradiction que je viens d'indiquer, et nous essayons de mettre en place des systèmes de médiation, de conseils, etc. Sur le plan de la santé, nous ne pouvons pas le moins du monde encourager la consommation de chanvre, c'est clair. Personne ne dira jamais qu'il n'est pas nocif de fumer du cannabis. Je crois que ce qui a été dit ici sur la nocivité du tabac et de la fumée en général vaut la peine d'être rappelé. Dans les deux cas, ce qui est certain, c'est que la vente de cannabis à des jeunes sera réprimée plus sévèrement. Vous m'avez également demandé, Madame, ce qu'il en était de nos engagements internationaux. Permettez une parenthèse: vous m'avez demandé: "Pourquoi ne faites-vous pas davantage pour l'application du droit actuel?" Je vous ai dit: "La loi est connue, elle est difficile d'application, mais les cantons se débrouillent plus ou moins bien avec les dispositions légales." Je peux ajouter que, depuis votre motion, beaucoup d'interventions policières ont eu lieu et beaucoup de décisions devant les tribunaux ont clarifié la situation. Pour nous, c'est la voie normale. Il y a une loi, il y a des lois de procédure, des activités policières dans les cantons et il y a des tribunaux. C'est ainsi que l'on clarifie l'interprétation du droit. Vous savez que beaucoup de choses se sont passées, en particulier en été, en automne 1999 et en hiver 2000. Nos responsabilités internationales. Vous le savez, le Conseil fédéral attache une grande importance à ses obligations internationales. Il vous a soumis, depuis quelque temps déjà, la ratification de la Convention de Vienne de 1988 que nous respectons d'ailleurs très scrupuleusement sur le plan de la lutte contre le crime organisé. Là aussi, nous avons dit: "Nous voulons émettre une réserve pour pouvoir développer, aussi dans ce domaine, la voie suisse. Actuellement, chaque Etat est en train d'essayer de mieux régler le problème de la consommation, de la production et du commerce de cannabis." La loi que nous vous présentons permettra de respecter pleinement la convention. La question que vous avez posée concerne la pratique de commerces qui, par exemple, se mettent à la frontière pour des clients étrangers. Là aussi, c'est grâce à la loi sur les stupéfiants que nous pourrons trouver la voie raisonnable. Nous prévoyons une interdiction de vente à des étrangers. Nous pensons que de tels commerces, dans la mesure où ils seraient tolérés, vivront avec une épée de Damoclès en permanence au-dessus de leur tête. Ils seront purement et simplement fermés s'ils ne se montrent pas raisonnables. Je suis allée un peu plus loin que je ne le pensais, Madame, mais vos questions m'amenaient à dire: "Faisons le point de AB 2000 N 1342 / BO 2000 N 1342 la situation actuelle, et rappelons nos intentions. Nos intentions ne sont pas si éloignées des vôtres." J'espère que vous savez, en acceptant la transformation de votre motion en postulat, que vous avez contribué à ce débat. Nous le reprendrons l'année prochaine.

 

 

Dreifuss Ruth, conseillère fédérale:

Ce zigzag n'est pas du tout général. Il dépend des cantons. Il est aussi une réponse à un zigzag du côté des producteurs et des commerçants. Permettez-moi quand même de vous rappeler qu'au cours des dernières années il y a eu parfois, dans certaines localités, l'installation de X commerces dans un temps extrêmement bref. Le fait de dire six mois après: "Il y a des choses que vous pouvez vendre et des choses que vous ne pouvez pas vendre dans ces commerces" n'est pas un zigzag. Je crois que le zigzag n'est pas le fait de la police; il vient plutôt de ceux qui se lancent dans un marché d'autant plus lucratif qu'il fait plus que flirter avec la violation de la loi sur les stupéfiants. Deuxièmement, j'affirme encore une fois que la situation varie d'un canton à l'autre. La décision est prise par les tribunaux, et nous n'avons rien à dire, sur la base de la loi sur les stupéfiants. Nous n'avons aucune possibilité d'aller dans votre sens qui est exactement opposé à celui de Mme Simoneschi et de dire: "N'appliquez plus la loi!" ou bien: "Continuez comme vous le faisiez auparavant, avant que tous ces magasins ne s'installent." Je crois que là il faut laisser les autorités cantonales et les tribunaux assumer leurs responsabilités. Vous savez, sur le plan de la santé publique, les risques que nous encourons font partie des risques moyens, tels que ceux liés à l'alcool, au tabac, etc., contre lesquels nous devons impérativement renforcer le terrain. Je crois que là, l'année prochaine, on pourra se mettre assez rapidement d'accord. Dans ce sens-là, nous ne voulons pas donner le signal d'une innocuité totale du cannabis, c'est clair. Par ailleurs, essayons de dédramatiser un peu, de part et d'autre, ce problème du cannabis. J'ai été interpellée, à l'époque de la campagne sur l'initiative "Droleg", par des jeunes collégiens dont un me disait: "C'est un scandale, j'ai eu une contravention parce qu'on m'a attrapé en train de fumer un joint." Je lui ai dit: "Et ta dernière contravention parce que tu as maquillé ta mobylette, elle remonte à quand?" Je veux dire, ne dramatisons pas les choses. J'ai répondu avec passion tout à l'heure à Mme Fehr Lisbeth, car je reconnais qu'il y a un problème absolument dramatique auquel il faut répondre avec toute la compassion nécessaire envers les patients toxicomanes, dépendant de l'héroïne, pour lutter contre la glissade dans la désintégration sociale et physiologique. Mais, d'autre part, j'affirme que dans le domaine du cannabis l'éventualité d'une contravention pendant encore un an ou deux n'est pas tellement grave. Je vous prie vraiment de garder la mesure et de nous laisser suivre un chemin calme, clair, serein. Tant que la révision de la loi sur les stupéfiants n'est pas sous toit, essayons de faire appliquer le mieux possible, mais sans que cela devienne déraisonnable, une loi qui appelle impérativement des modifications.

   

 

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