Bonjour,

En 1978, le premier rapport officiel sur les drogues, le rapport Pelletier, conseillait déjà de dépénaliser l'usage du cannabis et de fixer un seuil délimitant cet usage. En 1994, le Comité national d'éthique, sans qu'on ne lui demande rien, pondait un rapport sur la toxicomanie où il écrivait que la distinction entre drogues licites et illicites ne repose sur "aucune base scientifique cohérente".

En 1995, après bien des tergiversations, le professeur Henrion présente son rapport. Par neuf voix contre huit, il préconise la dépénalisation de l'usage du cannabis, puis sa légalisation au bout de deux ans. En 1998, le professeur Roques, à la demande de Bernard Kouchner, alors Secrétaire d'état à la santé, remet ses conclusions sur la dangerosité des drogues. On y apprend, (mais on le savait déjà) que l'alcool est une drogue tout aussi difficile à gérer que l'héroïne et que le cannabis mérite amplement son qualitatif de "doux".

Le professeur Henrion comme le professeur Roques, mais aussi Bernard Kouchner qui a déclaré que "le classement du cannabis dans le tableau des stupéfiants était une erreur regrettable", pourraient être inculpés au nom du L. 630. Le L.630, c'est cet article du code de la Santé publique qui punit l'incitation à l'usage, la provocation à l'usage et la présentation des stupéfiants sous un jour favorable. Parce qu'il est indigne d'une démocratie, laquelle garantit et principe la liberté d'expression, cet article de loi a été très peu employé jusqu'à ces dernières années. Le Collectif d'information et de recherche cannabique (Circ) est une association loi de 1901. Née en octobre 1991, se présentant volontiers comme une association d'usagers, le but du Circ est d'informer sur le cannabis. Parce que le Circ dit tout haut ce que des centaines de milliers de gens pensent tout bas, parce qu'il ne s'embarrasse pas d'un langage politiquement correct, parce qu'il incite les députés à ouvrir le débat et les cannabinophiles à sortir de la clandestinité, ses militants sont dans le collimateur de la justice. Tous les procès intentés au Circ ont pour base le L. 630. A six reprises, en tant que président de l'association, j'ai été condamné, parfois à des peines de prison avec sursis, toujours à de lourdes amendes. Je ne peux pas payer évidemment. Mais quand bien même je le pourrais, je ne veux plus, devraient-ils me mettre en prison au nom de la contrainte par corps.

En cette année 2 000, alors que le cannabis est consommé par des millions de personnes, qu'il est intégré dans notre culture, que l'herbe fleurit sur tout le territoire français, que les rapports officiels se prononcent pour sa dépénalisation ou sa légalisation, les propos tenus par les militants, mais aussi par les journalistes, les compositeurs, les auteurs sont sous haute surveillance politique.

Parce que le L 630 empêche toute prévention : allez dire à un ado dont les parents surmenés carburent aux "benzos" que le cannabis est la drogue qui le conduira en enfer ! il vous rira au nez. Parce que le cannabis est une réalité sociale et culturelle, qu'il est grand temps pour notre société d'évoluer vers plus de tolérance et de liberté, le Circ lance à travers toute la France le L. 630 Tour.

Parce que, vous aussi, vous n'acceptez pas la pensée unique en matière de drogues. Parce qu'un jour ou l'autre, vous aussi, vous risquez une inculpation au nom du L. 630. Parce que vous en avez marre, vous aussi, d'entendre de grosses sottises sur le cannabis, je vous incite à nous joindre et à présenter, avec le Circ, la fête sous un jour favorable.

Cannabiques salutations

Jean-Pierre Galland

Président de la Fédération des Circ