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Un seul mot d'ordre: ne pas en parler. Dépénaliser le cannabis?
En temps de cohabitation, il y a d'autres priorités. Or voilà
que depuis quelques semaines, le débat ressurgit un peu partout.
En Suisse, en Belgique, mais aussi au Salon de l'agriculture,
cette semaine, où un quiproquo a encore confirmé la situation
ubuesque de la France: des policiers de la brigade des stupéfiants
sont intervenus sur le stand des éditions Mama. Un livre intitulé
Pourquoi et comment cultiver du chanvre y était vendu.
Les policiers ont pris des photographies et dressé un procès-verbal,
sur demande du procureur. Objectif: aboutir au retrait de
l'ouvrage.
Sondage «Libération-CSA» : le
cannabis se banalise.
Il n'y a pas de pétard
sans fumée
Le débat sur la dépénalisation des drogues douces refait
surface. Même chez les politiques.Par MATTHIEU
ECOIFFIER
Le samedi 24 et dimanche 25 février 2001
Un seul mot d'ordre: ne pas en parler. Dépénaliser le cannabis?
En temps de cohabitation, il y a d'autres priorités. Or voilà
que depuis quelques semaines, le débat ressurgit un peu partout.
En Suisse, en Belgique, mais aussi au Salon de l'agriculture,
cette semaine, où un quiproquo a encore confirmé la situation
ubuesque de la France: des policiers de la brigade des stupéfiants
sont intervenus sur le stand des éditions Mama. Un livre intitulé
Pourquoi et comment cultiver du chanvre y était vendu.
Les policiers ont pris des photographies et dressé un procès-verbal,
sur demande du procureur. Objectif: aboutir au retrait de
l'ouvrage.
«On est face à une situation aberrante en France, a déclaré
Denis Baupin, porte-parole national des Verts, également en
visite au Salon de l'agriculture. Alors qu'il y a plus
de 4 millions de consommateurs de cannabis, on continue à
avoir une loi dépassée, qui interdit toute promotion de ce
produit et emprisonne des gens parce qu'ils essayent d'ouvrir
le débat. Il est temps de sortir de l'hypocrisie et
de la diabolisation du cannabis en légalisant ce produit.»
Mais que faire? Et surtout, comment faire? Va-t-on se décider
à dépoussiérer le texte de loi que Robert Badinter, ancien
président du Conseil constitutionnel, a lui-même qualifié
à plusieurs reprises de «vieux machin»? Texte qui criminalise
tout usage de drogues, cannabis compris.
Une certitude: le paysage des drogues douces a changé. D'abord
à l'extérieur de nos frontières. Mi-janvier, la Belgique a
annoncé son intention de dépénaliser l'usage et la détention
du cannabis en petite quantité (lire page 5). De son côté,
la Suisse envisage d'en tolérer la culture et la vente sous
certaines conditions. Dans la foulée, les intervenants dans
la lutte contre la toxicomanie se réveillent. Alors que, depuis
deux ans, ils avaient adopté une démarche
pragmatique et accepté de laisser de côté le débat idéologique
sur la loi de 1970, des représentants de l'Association française
de réduction des risques ont plaidé dans une tribune (Libération
du 23 janvier) pour la dépénalisation partielle de l'usage
du cannabis. «Loin de protéger les jeunes, la loi de
1970 les prive de dialogue avec la société et la famille.
La criminalisation leur barre l'accès à l'éducation, aux soins
et à l'apprentissage de la citoyenneté.»
Mais comme le notent les experts, ce sont les pratiques des
Français qui rendent ce texte anachronique. A trois semaines
d'intervalle, deux enquêtes sur les consommations des jeunes
ont pointé la banalisation de l'usage du cannabis. La première
(Escapad), réalisée lors de la journée d'appel et de préparation
à la Défense, montre que la moitié des adolescents de 17 ans
ont expérimenté ce produit et que, à 19 ans, un jeune sur
six fume un joint quasi quotidiennement. La seconde (Espad),
de l'Inserm, rendue publique par l'OMS, pointe un doublement,
entre 1993 et 1999, du nombre d'adolescents de 16 ans qui
ont fumé un pétard. Les fumeurs de joints réguliers - au moins
dix fois dans l'année - sont passés de 5 à 15 % pour les garçons,
et de 3 à 9 % chez les filles.
Au gouvernement, on prône officiellement le statu quo: «Ce
n'est pas le moment.» Mais Matignon se dit ouvert au débat.
Et laisse la présidente de la Mission interministérielle de
lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), bras séculier
du gouvernement sur ce dossier, s'exprimer librement. Pour
Nicole Maestracci, «la dépénalisation du cannabis est dépassée,
puisque la circulaire Guigou du 17 juin 1999 d'orientation
pénale incite déjà les magistrats à ne pas incarcérer les
simples usagers et à prévoir une orientation sanitaire et
sociale». En clair, il existe en France une dépénalisation
de fait de la petite consommation de cannabis. Au fil des
interventions publiques de la Mildt se dessine comme un cadre,
basé sur un système d'amendes qu'avait prôné en son temps
Bernard Kouchner. Il inclurait tous les produits psychoactifs,
notamment les nouvelles molécules de synthèses de type amphétamines,
au statut légal flou. Et les sanctions seraient modulées en
fonction du contexte de consommation (en public, privé, quantités
maximales). «Le maintien de l'interdit n'est pas nécessairement
synonyme de sanction pénale. Son respect peut être garanti
sous différentes formes, de la contravention à l'interdiction
administrative», explique Nicole Maestracci.
Il en irait du joint comme du chèque sans provision: autrefois
délit puni par la prison, il a été dépénalisé et n'est sanctionné
que par la Banque de France. D'autres poussent pour une remise
à plat plus rapide. Sur l'échiquier politique, la droite reste,
dans sa grande majorité, arc-boutée sur le maintien de la
loi actuelle (lire page 4). «En période préélectorale,
cela ne va pas bouger d'un poil sur le cannabis, estime-t-on
chez les Verts. A moins que Lionel Jospin ait une lumière,
mais cela nécessiterait du courage politique.».
30
ANS DE PROHIBITION, CA SUFFIT !!!
Fédération des Circ
Association Loi 1901
Adresse :
BP 3043
69605 Villeurbanne Cedex
Tél. : 06 11 531 007
Fax : 04 72 741 166
Toute l'information sur le chanvre : http://www.cannabistrot.net
et http://www.circ-asso.org
Participez à la campagne de soutien à Michaël
Blanc : http://www.michael-blanc.com
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«Au
lycée, c'est la Jamaïque»
«L'opinion
n'est pas prête»
Pour
qui roulent les politques
Hors
cible électorale
La
Belgique cultive l'ambiguïté, pas l'herbe
54 % des Français de 25 à 34
ans sont favorables à la dépénalisation des drogues douces
comme le haschisch.
Sites institutionnels
Le site de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue
et la toxicomanie (MILDT).
Le Comité national
d'information sur la drogue.
Les pro-dépénalisation.
Le portail cannabistrot.net, lié au Collectif d'information
et de recherche cannabique (CIRC)
Le très complet site schnourk.org.
Une véritable internationale cannabique: legalize.org réunit une somme impressionnante d'informations
(en anglais) sur la situation dans différents pays du monde.
Sur Wonderchanvre, on peut trouver une revue de presse
et un annuaire de sites autour du chanvre et du cannabis.
Le projet pour la dépénalisation du cannabis en Suisse de
Delta9.
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