date de parution 19.07.1999
A l'école de recrues,
un jeune sur trois fume du cannabis,
et souvent pour la première fois de sa vie. En revanche,
la consommation d'alcool est plutôt en baisse
Un jeune sur trois consomme du cannabis à l'école de recrues. Pour beaucoup d'entre eux,
il s'agit de la première expérience avec les drogues
douces. La consommation d'alcool est, elle, plutôt
en baisse. La proportion de recrues fumant du cannabis
(régulièrement ou occasionnellement) se stabilise,
estime le divisionnaire Peter Eichenberger, médecin
en chef de l'armée. Evaluée aujourd'hui à 33%, la
proportion était de 18,5% en 1993 et de 6,6% en 1978,
selon les résultats de questionnaires remplis dans
les écoles.
Cette consommation a pris de l'ampleur
au détriment de celle d'alcool, relève un travail
de diplôme présenté à l'Ecole d'études sociales et
pédagogiques de Lausanne. L'observation vaut davantage
pour les écoles de recrues que pour les cours de répétition,
ajoute l'étude réalisée par un éducateur, lui-même
officier à l'armée.
Le milieu militaire offre l'occasion
à un nombre important de recrues de faire leur première
expérience avec «les paradis artificiels».
Le brassage de population, le regroupement de gens
venant d'horizons différents favorisent la propagation
des drogues douces, peut-on lire dans le travail de
diplôme.
Si à l'armée la consommation de cannabis a augmenté, celle d'alcool a plutôt diminué ces
dernières années. La bouteille reste néanmoins une
tradition dans certaines unités, en particulier lors
des cours de répétition. Dans les rangs de l'armée,
l'alcool joue un rôle d'intégration. La camaraderie
se traduit souvent par une verrée entre hommes d'une
même section ou d'une même compagnie. C'est un phénomène
de groupe, résume le divisionnaire Eichenberger.
Les soirées arrosées se font pourtant
de plus en plus rares. Les programmes sont toujours
plus chargés, si bien que les sorties et les soupers
facultatifs sont moins nombreux qu'autrefois, explique
le médecin en chef de l'armée.
La consommation d'alcool varie beaucoup
d'une unité à l'autre. Le travail de diplôme déposé
en 1998 a comparé la situation dans trois unités:
une compagnie de chars composée surtout de Neuchâtelois,
une batterie d'artillerie de montagne et une compagnie
de logistique essentiellement vaudoise.
Résultats des questionnaires soumis
aux soldats: chez les Vaudois, 82% des militaires
avouent boire davantage à l'armée que dans le civil.
Ils sont 57% dans la batterie d'artillerie et 13%
seulement dans la compagnie de chars neuchâteloise.
Dans ce dernier cas, 74% disent ne pas changer leurs
habitudes de consommation.
La différence est marquée aussi pour
les types d'alcools consommés. Les soldats vaudois
préfèrent le vin à 86%, alors que dans les deux autres
compagnies la bière a davantage la cote. Outre les
traditions et les cultures, la spécificité de l'arme
joue un rôle important. Dans les chars, les soldats
sont amenés à assumer de grandes responsabilités,
le matériel étant très onéreux. Les possibilités de
faire la fête sont réduites d'autant. - (ats-Le Matin)
L'armée mise autant
sur la prévention que la répression
L'armée mise sur la prévention et la
répression pour combattre la consommation de drogue
et d'alcool au sein de la troupe. La responsabilité
incombe principalement aux commandants d'unités. La
consommation de cannabis ou
d'alcool peut s'avérer dangereuse dans de nombreuses
situations à l'armée. Les chauffeurs et les tireurs
exposent leurs camarades à de gros risques lorsqu'ils
agissent sous l'effet de produits psychotropes.
Il appartient aux commandants d'écoles
et de cours de répétition d'évaluer ces risques et
de prévenir tout accident. Dans leur effort d'information
à la troupe, ils bénéficient du soutien des médecins
d'école ainsi que des spécialistes du Service psycho-pédagogique
(SPP). Lors du recrutement, le jeune qui s'annonce
comme fumeur de cannabis n'est pas forcément dispensé de l'obligation de
servir. L'armée demande généralement un dossier psychiatrique
en cas de réticences manifestes. Elle prend aussi
en compte sa situation familiale et professionnelle,
souligne Peter Eichenberger.
Le médecin en chef de l'armée constate
toutefois un changement de mentalité ces dernières
années. «Nous avons à nouveau un grand nombre de
jeunes gens qui travaillent bien et qui ont la volonté
de fournir un travail sérieux», explique le divisionnaire.
Des razzias
A côté du volet préventif, le volet
répressif. Lorsque les commandants sont confrontés
à des problèmes de drogue au sein de leur unité, ils
peuvent demander l'intervention de la police militaire.
Celle-ci peut procéder à des razzias.
Les militaires qui ont connaissance
de consommation de drogue dans leur unité ne sont
pas tenus de dénoncer leurs camarades. Une telle obligation
créerait un mauvais climat dans les compagnies, note
M. Eichenberger. A propos du cannabis,
il ajoute que cette drogue est de plus en plus acceptée
dans la société.
Dans les cas jugés graves, l'armée
fait appel à la police civile. Les contrevenants s'exposent
à différents types de sanctions disciplinaires: réprimande,
arrêt simple ou arrêt de rigueur. Les chauffeurs risquent
le retrait du permis de conduire militaire. - (ats-Le
Matin)

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