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Résumé
Suite à l'aggravation du problème de la toxicomanie
pendant les années 1980, la Suisse a commencé à appliquer
une politique de la drogue diversifiée dont l'un des piliers
s'inspire de l'approche de la réduction des risques. L'un
des buts de cette politique est notamment la diminution des
dommages collatéraux à la toxicomanie, telles certaines maladies
infectieuses ou la délinquance liée à l'acquisition de drogues.Dans
ce contexte, un programme de prescription médical d'opiacés
a été mis sur pied. Ce programme s'adresse à des héroïnomanes
fortement dépendants et pour lesquels d'autres formes de traitement
n'ont pas eu de succès. S'agissant d'un type de traitement
novateur, il fit l'objet d'une stricte évaluation scientifique.Le
présent article résume les résultats de cette évaluation pour
le domaine de la délinquance. Les analyses se basent autant
sur des interviews de délinquance et de victimisation autoreportées,
menées à intervalles de 6 mois avec les personnes traitées,
que sur les données des registres de police et du casier judiciaire
central de ces mêmes personnes. Les résultats indiquent pour
tous les types de données une diminution massive des taux
de prévalence et d'incidence de la criminalité liée à l'acquisition
de drogues. Les taux de victimisation présentent une diminution
similaire. Il est démontré que ces deux phénomènes sont étroitement
liés.
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Abstract
Following the
worsening of drug-addiction problems during the 1980s, Switzerland
started to apply a diversified drug policy based partly on
the harm reduction approach. In this context, a program of
medical prescription of opiates -- including heroin -- started,
on an experimental basis, in 1994. Eligibility was limited
to drug addicts over twenty years of age, who had been using
illegal drugs for at least two years, displayed signs of health
or social deterioration, and for whom other treatments had
failed.
An evaluation was performed
on the effects of the program on criminal involvement of the
subjects treated. In the evaluation, several measures were
used to compare offence rates before and during the prescription
period, namely : records of convictions, police records and
extensive interviews (conducted every six months) using instruments
measuring self-reported delinquency and victimisation.
The results showed substantial
drops in the prevalence and incidence of delinquency. The
rates of victimisation presented a similar reduction. It was
also shown that delinquency and victimisation are closely
related.
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